kessel fortune
 
Il est de coutume de proposer à ceux qui visitent le Yemen de lire ce roman, écrit en 1931. On peut se demander pourquoi et craindre que ceux qui font cette recommandation n'aient pas lu ce livre, mais seulement vu la superbe jambiah qui orne la page de couverture. Le pauvre Yemen n'y est qu'un décor pour des aventures abracadabrantes et, pour ma part, sans aucun intérêt.

Les personnages, d'abord. Tous des brutes à enfermer. Heureusement, il en meurt des masses ; ça dégage l'horizon. De façon très claire, s'ils sont blancs, ce sont des idéalistes au grand coeur un peu fourvoyés. S'ils sont noirs, des esclaves (qui s'ignorent) infiniment heureux de servir les susdits blancs et éperdus de reconnaissance quand ils reçoivent un croûton. Ça rappelle quelque chose, non ?

Les situations sont aussi des chefs d'oeuvre de "pondération". Une tempête ne peut être qu'un cataclysme, un paysage ne peut se révéler que d'une beauté infinie, les bons ne sont qu'excellents et les mauvais effroyables. Et les relations humaines des caricatures où la violence et l'idéalisme massacreur sont des données de base et où la liberté des hommes mal pondérée en fait des petits chefs caractériels et meurtriers se livrant à des activités criminelles. Belle humanité !

Qui peut encore lire cette bouillie ?
 
Editions Pocket - 317 pages