IK est un auteur hongrois né en 1929 et qui, en 2002, a reçu le prix Nobel de littérature. Avec de tels auteurs (voir Être sans destin) ou avec Magda Szabo (La porte, ou La ballade d'Iza) la Hongrie retrouve une notoriété un peu oubliée.
Le "drapeau anglais" est la première nouvelle de ce livre qui en comporte trois. Elle n'est pas toujours facile à lire en raison du style particulier qu'emploie ici IK. Il s'agit plus de sentir que de comprendre ce que pouvait être la vie d'un homme qui veut rester libre à "l'ère de la catastrophe", c'est à dire à l'époque communiste en Hongrie, au moment de l'insurrection de 1956. Pour cela, il utilise un vocabulaire qui rappelle parfois la langue de bois de ces temps détestés pour créer un bouclier qui lui évitera de perdre son âme."Cette vie de jeune homme de vingt ans ne se maintenait que par son caractère formulable" dit-il."Dans ce monde, la seule oeuvre possible est le reniement de soi comme oeuvre" dit-il aussi. Son ironie amère nous fait sans doute mieux concevoir que toute description conventionnelle l'anéantissement humain que provoquait le communisme. La description de l'arrestation d'un "haut dignitaire" vaut son pesant de réalisme socialiste...
La seconde nouvelle est à mon goût la plus aboutie de ce recueil. Elle se livre avec parcimonie, par glissements successifs, qui n'otent pas toute ambiguïté à la situation décrite. La conscience du bourreau est-elle bien différente de celle de la victime ? Qui est vraiment ici bourreau et victime ? Et peut-on juger de semblable manière quand les circonstances sont autres ? Le recul de l'histoire, c'est aussi l'herbe qui pousse et transforme en pré fleuri un camp de la mort.
La dernière est plus classique : une aventure kafkaïenne dans un monde qui n'a pas tout à fait cesser de l'être. D'ailleurs, y a-t-il monde plus kafkaïen que celui des chemins de fer ? Un soir, un train...
Un très bon livre, qui ne se donne pas sans un petit effort.
Le "drapeau anglais" est la première nouvelle de ce livre qui en comporte trois. Elle n'est pas toujours facile à lire en raison du style particulier qu'emploie ici IK. Il s'agit plus de sentir que de comprendre ce que pouvait être la vie d'un homme qui veut rester libre à "l'ère de la catastrophe", c'est à dire à l'époque communiste en Hongrie, au moment de l'insurrection de 1956. Pour cela, il utilise un vocabulaire qui rappelle parfois la langue de bois de ces temps détestés pour créer un bouclier qui lui évitera de perdre son âme."Cette vie de jeune homme de vingt ans ne se maintenait que par son caractère formulable" dit-il."Dans ce monde, la seule oeuvre possible est le reniement de soi comme oeuvre" dit-il aussi. Son ironie amère nous fait sans doute mieux concevoir que toute description conventionnelle l'anéantissement humain que provoquait le communisme. La description de l'arrestation d'un "haut dignitaire" vaut son pesant de réalisme socialiste...
La seconde nouvelle est à mon goût la plus aboutie de ce recueil. Elle se livre avec parcimonie, par glissements successifs, qui n'otent pas toute ambiguïté à la situation décrite. La conscience du bourreau est-elle bien différente de celle de la victime ? Qui est vraiment ici bourreau et victime ? Et peut-on juger de semblable manière quand les circonstances sont autres ? Le recul de l'histoire, c'est aussi l'herbe qui pousse et transforme en pré fleuri un camp de la mort.
La dernière est plus classique : une aventure kafkaïenne dans un monde qui n'a pas tout à fait cesser de l'être. D'ailleurs, y a-t-il monde plus kafkaïen que celui des chemins de fer ? Un soir, un train...
Un très bon livre, qui ne se donne pas sans un petit effort.
Editions Actes Sud (2005) - 220 pages