sa imperatrice
 
Ce roman est une longue méditation sur le pouvoir. Le cadre en est la Chine du 8ème siècle, sous les "Tang", où le pouvoir suprême échoit à une femme, fait inouï. Elle jouira de ce pouvoir tout en en faisant un usage plutôt favorable à son peuple. Mais elle aura bien du mal à accepter d'abord sa solitude, puis son vieillissement et le nécessaire transfert de ce pouvoir vers d'autres mains. Nous sommes en Chine, c'est vrai, mais cet attachement à la puissance, surtout quand elle a réussi, est bien universel.

Comme dans tout bon roman, il y a plusieurs niveaux de lecture, le premier étant celui d'un roman historique bien documenté sur cette Cité Interdite , centre du monde civilisé de l'époque. Intrigues, débauches, cruautés utiles ou non, fastes et incantations, tout est là pour un dépaysement réussi dans un monde raffiné.

Mais c'est aussi une belle et longue réflexion sur la difficulté d'exercer le pouvoir, même si tout est réuni en une main. C'est aussi un rappel de la rareté des hommes (ou des femmes, comme ici) capables d'en faire un usage utile au peuple. Le pouvoir absolu rend alors encore plus veules ceux qui le sont déjà, comme le furent les empereurs incapables qui tentèrent de succéder ou de renverser l' "Impératrice". C'est aussi une illustration de ce que soutiendra Machiavel plus tard, à savoir que l'exercice du pouvoir oblige à franchir les lois de l'humanité "civile". C'est d'ailleurs ce qui isole tant son détenteur.

Un excellent roman, doublé d'un livre qui, sans pédanterie, nous promène dans un univers fascinant. Une réussite.
 
Editions Le livre de poche 30149 (2003) - 436 pages