Qui aurait pu penser que la vie d'un homme connu pour ses découvertes en astronomie, Tycho Brahe (1546-1601), puisse fournir la trame d'un passionnant roman ? L'art du conteur n'y est pas pour rien, qui utilise le procédé d'un proche de TB, son "nain" familier et d'esprit brillant, Jeppe, pour nous conter sa vie mouvementée.
TB s'est rendu célèbre pour son travail astronomique de mesure des positions des astres, avant l'invention de la lunette, mise au point peu après par Galilée (1609). Tout cela semble bien classique tant que l'on ignore que TB est une espèce de tyran local (il règne sur une île du Danemark), arrogant, cruel et imbu de ses privilèges, fort peu croyant (l'inquisition brûlera encore sur le bûcher Giordano Bruno en 1600) et surtout adversaire apparent des thèses héliocentriques de Nicolas Copernic (1473-1543).
TB, sûr de lui et dominateur, traite ses élèves (dont Kepler) d'esclaves à son service. Et pourtant, ils restent et s'épuisent au travail, car TB est à la pointe de la connaissance. Son commerce non seulement fascine, mais permet l'approche du savoir scientifique le plus avancé du temps. Et, de fait, ses élèves qui apprécient son savoir faire technique ne partageront pas toujours ses interprétations de ses mesures. Rien n'a changé ..
On approche aussi dans ce roman la condition difficile (nous sommes à la fin du 16ème siècle) de celui qui, fort de son don comme TB, veut poursuivre ses recherches. Il dépend des prébendes que ses mécènes (ici des souverains) veulent bien lui attribuer. Et pour cela, il faut que le mécène soit convaincu qu'en l'aidant il augmentera sa propre gloire : cercle vicieux du courtisan que TB vivra jusqu'au désespoir. Il n'était pas facile et même dangereux de faire des découvertes qui s'opposaient aux dogmes de la caste religieuse, comme aujourd'hui d'ailleurs, en étendant le religieux au politique idéologique. Quant au souverain-mécène, il faudrait qu'il soit bien léger pour risquer de se fâcher avec le pape en subventionnant des recherches hérétiques ! Il convient donc parfois de ne pas tout dire...
Se greffe à cela la touchante histoire de la fidélité de Jeppe à son maître TB, en dépit des traitements qu'il subit. Fasciné par cet homme violent mais puissant, Jeppe, difforme de naissance, mais d'une mémoire prodigieuse sait se rendre indispensable à TB. C'est cependant pour moi le côté faible du roman qui insiste sur la capacité de Jeppe à faire des prophéties toujours exactes. Qu'il est donc difficile d'imaginer un monde sans magie !
Un excellent roman en tous cas.
TB s'est rendu célèbre pour son travail astronomique de mesure des positions des astres, avant l'invention de la lunette, mise au point peu après par Galilée (1609). Tout cela semble bien classique tant que l'on ignore que TB est une espèce de tyran local (il règne sur une île du Danemark), arrogant, cruel et imbu de ses privilèges, fort peu croyant (l'inquisition brûlera encore sur le bûcher Giordano Bruno en 1600) et surtout adversaire apparent des thèses héliocentriques de Nicolas Copernic (1473-1543).
TB, sûr de lui et dominateur, traite ses élèves (dont Kepler) d'esclaves à son service. Et pourtant, ils restent et s'épuisent au travail, car TB est à la pointe de la connaissance. Son commerce non seulement fascine, mais permet l'approche du savoir scientifique le plus avancé du temps. Et, de fait, ses élèves qui apprécient son savoir faire technique ne partageront pas toujours ses interprétations de ses mesures. Rien n'a changé ..
On approche aussi dans ce roman la condition difficile (nous sommes à la fin du 16ème siècle) de celui qui, fort de son don comme TB, veut poursuivre ses recherches. Il dépend des prébendes que ses mécènes (ici des souverains) veulent bien lui attribuer. Et pour cela, il faut que le mécène soit convaincu qu'en l'aidant il augmentera sa propre gloire : cercle vicieux du courtisan que TB vivra jusqu'au désespoir. Il n'était pas facile et même dangereux de faire des découvertes qui s'opposaient aux dogmes de la caste religieuse, comme aujourd'hui d'ailleurs, en étendant le religieux au politique idéologique. Quant au souverain-mécène, il faudrait qu'il soit bien léger pour risquer de se fâcher avec le pape en subventionnant des recherches hérétiques ! Il convient donc parfois de ne pas tout dire...
Se greffe à cela la touchante histoire de la fidélité de Jeppe à son maître TB, en dépit des traitements qu'il subit. Fasciné par cet homme violent mais puissant, Jeppe, difforme de naissance, mais d'une mémoire prodigieuse sait se rendre indispensable à TB. C'est cependant pour moi le côté faible du roman qui insiste sur la capacité de Jeppe à faire des prophéties toujours exactes. Qu'il est donc difficile d'imaginer un monde sans magie !
Un excellent roman en tous cas.
Editions Flammarion - 1999 (338 pages)