Qu'il est difficile d'exorciser le passé encore palpitant de son pays ! Combien les acteurs restent englués dans les faits récents, dans les mythes fondateurs et destructeurs !
C'est la trame de ce récit qui se déroule dans les deux Allemagnes et dans la nouvelle entité réunifiée. Deux univers dignes d'amour-haine s'y sont fracassés. Le socialisme national d'abord, qui ne se réduit pas à l'antisémitisme comme on essaye souvent de le dire, mais qui tenta de fonder une société sans classe, utopie que tout le 19ème siècle avait préparée et rendue digne d'espoir et qui échoua dans l'horreur que l'on connaît. Le socialisme "scientifique" (ne riez pas..) ensuite, qui tenta la même chose avec d'autres moyens et échoua dans sa gabegie et ses crimes à son tour.
L'un et l'autre avaient besoin de faire "table rase", comme Mao ou Pol Pot ailleurs. Ils ont tous laissé derrière eux ce que GG montre magnifiquement, un vide culturel effroyable où s'engouffrent les idées simples, violentes qui comblent le vide. Et en guise de culture, ou plutôt comme substitut à celle-ci, flottent des restes indistincts de ces moments forts du passé récent. Tout le livre est rempli de ces actes nauséeux que ces grandes utopies ont rendues banals, parfois même justifiés par la grande cause, et qu'elles ont exporté à l'univers entier. Peut-on reprocher à ces parents déboussolés, comme le narrateur de n'avoir pas élevé son fils ? Peut-on aussi reprocher à la grand mère, forte en gueule, qui l'a élevé d'en avoir fait un monstre sans repère, elle qui n'en avait plus aucun ?
Mais surtout, quand cela cessera-t-il, se demande GG. Sa réponse, entre les lignes, est terrible : sans doute jamais. Ce qui est détruit l'est pour toujours. Comme le disait Sir Thomas Gresham, la mauvaise monnaie chasse la bonne. L'Allemagne est au coeur de cette épreuve et GG le ressent comme une blessure profonde. Pessimisme ou réalisme ? GG a peut être trop tendance à intellectualiser les réactions des hommes..
J'allais en rester là sans dire un mot sur le crabe. Le récit lui emprunte sa démarche latérale. Ca aide à rester éveillé, car on peut s'y perdre. Amusant sans plus. N'hésitez pas à casser la carapace. C'est bon seulement à l'intérieur.
C'est la trame de ce récit qui se déroule dans les deux Allemagnes et dans la nouvelle entité réunifiée. Deux univers dignes d'amour-haine s'y sont fracassés. Le socialisme national d'abord, qui ne se réduit pas à l'antisémitisme comme on essaye souvent de le dire, mais qui tenta de fonder une société sans classe, utopie que tout le 19ème siècle avait préparée et rendue digne d'espoir et qui échoua dans l'horreur que l'on connaît. Le socialisme "scientifique" (ne riez pas..) ensuite, qui tenta la même chose avec d'autres moyens et échoua dans sa gabegie et ses crimes à son tour.
L'un et l'autre avaient besoin de faire "table rase", comme Mao ou Pol Pot ailleurs. Ils ont tous laissé derrière eux ce que GG montre magnifiquement, un vide culturel effroyable où s'engouffrent les idées simples, violentes qui comblent le vide. Et en guise de culture, ou plutôt comme substitut à celle-ci, flottent des restes indistincts de ces moments forts du passé récent. Tout le livre est rempli de ces actes nauséeux que ces grandes utopies ont rendues banals, parfois même justifiés par la grande cause, et qu'elles ont exporté à l'univers entier. Peut-on reprocher à ces parents déboussolés, comme le narrateur de n'avoir pas élevé son fils ? Peut-on aussi reprocher à la grand mère, forte en gueule, qui l'a élevé d'en avoir fait un monstre sans repère, elle qui n'en avait plus aucun ?
Mais surtout, quand cela cessera-t-il, se demande GG. Sa réponse, entre les lignes, est terrible : sans doute jamais. Ce qui est détruit l'est pour toujours. Comme le disait Sir Thomas Gresham, la mauvaise monnaie chasse la bonne. L'Allemagne est au coeur de cette épreuve et GG le ressent comme une blessure profonde. Pessimisme ou réalisme ? GG a peut être trop tendance à intellectualiser les réactions des hommes..
J'allais en rester là sans dire un mot sur le crabe. Le récit lui emprunte sa démarche latérale. Ca aide à rester éveillé, car on peut s'y perdre. Amusant sans plus. N'hésitez pas à casser la carapace. C'est bon seulement à l'intérieur.
Editions Seuil - 2002 (265 pages)