brecht ameSi nous avons quelques doutes, nous humains, sur les dieux, apprenez qu'eux aussi en ont sur nous. Alors, trois dieux optimistes descendent sur terre pour se convaincre qu'il est possible d'y trouver une bonne âme. Leur résultat ne sera sans doute pas à la hauteur de leur espoir. Quant à eux, blessés, sales et épuisés, ils retourneront d'où ils viennent (d'où, d'ailleurs ?) et peut-être auront-ils compris qu'ils sont devenus inutiles, la rédemption par la pauvreté et la faiblesse appartenant à un monde révolu.

Bien me direz-vous, mais où donc se situe l'espoir alors ? BB ne nous livre pas la solution (il ne l'a pas plus que nous) mais nous incite à suivre avec lui l'aventure exemplaire de Mademoiselle 'Chen Té', sorte de de Janus femelle, qui unit une excessive compassion et une sévère rigueur capable de la faire triompher de la veulerie humaine. Mélange improbable sans doute dans la forme coupante qui est proposée mais message précis sur la complexité du monde sans dieux où l'homme doit trouver son chemin avec ses seules forces. Monde plus dur, sans doute, plus exigeant qui, comme la solution de cette pièce de théâtre, reste à construire.

Sans oublier que ce texte, publié en 1941, porte en lui la marque vive des convulsions de l'époque.

Il se lit encore avec grand intérêt.

P. S. : La pièce a été montée au théâtre par Irina Brook. Dérision, populisme, superficiel. Nul et braillard. Ce qui fait l'originalité de ce texte est noyé par une agitation brownienne des acteurs, qui font les clowns (tristes) au milieu d'un tas d'ordures. La petite Bohringer, sympathique dans le rôle de Chen Te, s'écroule dans celui de Chui-Ta. Les autres.. Pauvre théâtre..

Editions L'Arche (1990) - 136 pages