Il ne s'agit pas du texte de cette épopée indienne, mais d'une adaptation très abrégée, destinée à un lecteur occidental pressé, du Ramayana sanskrit de Valmiki qui compte 24000 vers. Sa lecture en est facile, fidèle me semble-t-il et permet à un public large d'aborder en quelques heures ce monument fondateur de la littérature de l'Inde (avec le Mahabharata) sans en trahir l'esprit.
Le Ramayana aurait été écrit vers l'an 0 en reprenant d'anciennes légendes et récits historiques et n'a pas cessé depuis d'être réédité et modifié. C'est un aventure pleine de bruit, de fureur et d'amour qu'il est hors de question de résumer ici ; mais quelques précisions sont nécessaires pour qu'elle puisse être comprise au delà d'une belle histoire. Car c'est aussi un texte sacré de l'hindouisme (mais qu'est-ce qui n'est pas sacré en Inde ?), montrant comment dieux et hommes sont liés dans la grande loi du monde (le 'dharma) et comment l'homme idéal ici personnifié par Rama doit s'y conformer consciemment.
Dans la pensée de l'Inde, tout d'abord, les actes ont non seulement des conséquences physiques, mais ils entraînent pour celui qui qui en est l'auteur une responsabilité morale que rien ne peut défaire. Les conséquences des actes peuvent être bonnes ou mauvaises parfois même sans que l'auteur en soit conscient. C'est ce qu'on appelle le 'karma', somme de toutes ces charges morales, contrepartie de la liberté de l'homme.
Un autre point qui structure cette pensée est la foi en ce qu'on appelle la réincarnation, qui signifie que tout ce qui naît dans le monde doit assumer ce 'karma' qui conserve dans l'existence un lien individuel avec un être disparu. Et si le poids de ce 'karma' est négatif le nouvel arrivant dans le monde s'incarnera dans une espèce misérable, alors qu'au contraire un karma positif le rapproche d'un objectif de montée progressive dans l'échelle des êtres. Le bouddhisme radicalisera d'ailleurs cette position .
Comment faire, donc, pour améliorer son 'karma' ? C'est ce que nous montre Rama par ses actes d'homme parfait, courageux et compatissant et capable de tenir en respect le mal. Il sait qu'existe la loi du monde, le 'dharma', dans laquelle s'inscrit la loi du bien et celle du mal qui existent par leur opposition et leur lutte permanente. Mais, il disposait d'un avantage considérable, étant lui même un dieu fait homme, un 'avatar' de Vishnu, l'un trois dieux suprêmes de ce panthéon complexe !
La vie indienne et d'une partie de l'Asie est encore de nos jours très influencée par ce récit mythique qui continue à avoir sa place dans la vie quotidienne de ces pays où le sacré et le profane n'ont pas de frontière bien claire. A lire donc par tous ceux que ce monde intéresse !