Avant d'aller plus avant, assurez-vous de votre adhésion aux points suivants :
- la vision de l'anus du cheval qui défèque est un éblouissement qui peut vous contraindre à l'extase.
- l'enfant mâle pré-pubère est l'achèvement de la création.
- la juste perception de ces deux prolégomènes structure votre vision du monde.
Si ce n'est pas le cas, vous engager dans la lecture de ce livre peut vous conduire à y adhérer, et peut-être même à considérer que la gare de Perpignan est le centre du monde. Mesurez-vous l'ampleur du risque ? Savez-vous aussi que vous verrez ensuite des ogres partout ? Et qu'ils chevauchent le cheval mentionné plus haut quand ils ne pensent, au fond, qu'à chevaucher l'enfant mâle et pré-pubère. Ah, ces artistes, quels vieux cochons. Goethe, au moins faisait appel à la mère du Roi et à ses filles pour servir d'appâts... Ici rien que violence et soumission.
Que MT ait un talent d'écrivain ne se discute pas, et je ne bouderai pas le plaisir que m'a donné la lecture de certaines descriptions de paysages ou de scènes de chasse en sous-bois, par exemple. Il n'en reste pas moins que le délayage, la diarrhée verbale qu'il nous impose est soporifique. Les infinies et souvent dérisoires considérations sur les replis de l'âme du narrateur et des pantins qui l'entourent sont sans poids, conventionnelles. Toute cette légèreté si lourde ennuie, dans une atmosphère ambiguë, malsaine, complaisante.
Et pour rester dans la tonalité anale si chère à l'auteur, il me semble que de beaux coups de pied au cul se sont perdus le jour où le jury du Goncourt a cru devoir couronner cela...
Éditions folio 656