J'ai eu du mal à terminer ce bref roman de 1919 et à aucun moment je n'ai trouvé à sa lecture un soupçon de cet assentiment qui nous entraîne parfois dans la trace d'un auteur.
Le symbolisme romantique qui en est sa matière est naïf, prétentieux et démodé au même titre que le livret de la "Flûte enchantée" de Mozart, dont il est souvent parallèle.
Entre autres découvertes, on assiste à l'initiation de deux couples à l'Humanité (sic), à l'accomplissement de leur sexualité dans la reproduction (mais si, mais si ), et autres banalité de ce style. Je tremble encore sous le choc. Et tout cela avec sérieux et componction.
Je ne suis pas d'accord. Ces révélations de La Voie qui devraient s'imposer ainsi aux hommes de façon transcendante sont les suppôts d'une idéologie fondamentaliste, menteuse et haïssable. C'est la simplification à l'extrême du bien contre le mal, le refus du compromis, en fait le refus de la vie. Et l'Allemagne gangrenée de ce romantisme illusoire et destructeur en crèvera, incapable de bâtir la république et la démocratie. Nous sommes en 1919.
Si le fond me parait détestable, la forme est encore pire. Les symboles foisonnants, les sorcières, la magie, les grottes obscures, les oiseaux qui parlent, les visions oniriques, les flambeaux qui illuminent cette obscurité complaisante et malsaine que les nazis consommeront sans réserve, tout cela me répugne. Il n'est pas trop surprenant que Strauss, musicien accompli mais homme douteux, se soit complu à ces calembredaines. Moi, pas.
Éditions Livre de poche (biblio) 1992