ofarrell bleu
 
 
Aimez-vous les romans psychologiques bien construits (même un peu compliqués), des intrigues contemporaines crédibles (faible probabilité quand même...) et qui ne se dévoilent pas trop facilement, des personnages aux contours clairs, etc. ? Alors, si c'est bien votre profil, vous êtes arrivé, ce roman vous plaira. J'ai bien dit "si" ! On se comprend ?
 
Entre l'Irlande, l'Angleterre, les USA et la France, nos personnages cherchent leur ciel bleu. Ils le trouveront, malgré un romancier qui s'amuse à leur mettre des bâtons dans les roues. Au milieu de familles recomposées (parfois même en décomposition/recomposition), de vieux chagrins, de vieilles amours, des culpabilités rampantes comme des vipères, des enfants du hasard aux parents instables et un peu bobos, de l'alcool et de la drogue, oui, on se sent chez soi. Enfin, chez un personnage de roman actuel. Beaucoup d'égoïsme aussi chez eux et des sentiments exacerbés comme ceux d'un enfant. Oui, je vous avais prévenu, il faut aimer ça.
 
Outre ce noeud grouillant de "je t'aime, moi non plus", pas grand-chose à glaner sur le monde réel, ou sur quoi que ce soit d'intemporel. Si, pourtant. J'ai été très touché par la sensibilité des passages sur les enfants, leurs rapports entre eux et avec les "adultes" qui les entourent. Je guillemette par ce que ces adultes sont souvent des têtes à claques, excessifs en tout, sans recul, du genre "tout, tout de suite ou je ne sais pas ce que je vais faire...". Des personnages qui, pour le moins, n'attirent pas la sympathie et qui rappellent ce vieil adage "Y a des coups de pied au cul qui se perdent". Alors, leurs peines de coeur ont du mal à me faire entrer en compassion.
 
J'ai apprécié le langage soigné du livre (merci au traducteur aussi). Mais la structure éclatée du récit, avec retours avant/arrière permanents rend la lecture un peu lourde, même si ça fait très chic. De plus, certaines longueurs que je ressens comme un artifice destiné à gonfler le poids de l'attente du pauvre lecteur supposé envoûté me semblent excessives.
 
Que ces réserves n'empêchent aucun amateur de roman de lire celui-ci : il a une excellente tenue et, malgré son poids, se lit sans ennui. Si vous aimez ça...
 
Belfond 2017, 478 pages