La lumière et l'obscurité sont les héros indissociables de ces promenades au parc. Lumière et obscurité du ciel, des frondaisons des arbres, mais aussi des hommes et de leurs comportements ou de leurs destins. Et, sans doute n'est il pas de joie qui se conçoive sans sa contrepartie, ici ou ailleurs, de larmes et de misère, pas de ciel pur sans brume ou de simple joie de vivre sans qu'ailleurs ou ici, la souffrance ou la mort ne pointent leur nez. C'est notre condition ; et notre liberté consiste à trier, avant qu'il ne soit trop tard, ce qui sied à notre pulsion de vie et de bonheur.
C'est cette dualité inextricable que nous révèle la merveilleuse sensibilité de Valérie Feltesse. Sensible au beau et au bien, comme au laid et au mal, consciente de la difficulté à partager cette vision profonde du monde, où l'un et l'autre sont nécessaires, quoi qu'on en pense, l'auteur dresse sa réserve et sa solitude en éthique qui souvent m'évoque la distance du pratiquant bouddhiste imprégné de compassion lucide pour le monde qu'il habite.
Mais avec quelle tendresse sait-elle exprimer les moments simples mais fugaces qui accompagnent ces promenades ! Et avec quel sens de l'image qui touche ou qui frappe, sans excès ni surcharge !
Un beau livre poétique, moins simple qu'il ne semble ; une belle leçon de vie.
Editions HB - février 2001