Un titre intrigant. Qui ne résume pas le roman, mais l'explique en partie. Car il est une photo, plutôt un diaporama, de lieux qui, sans doute, ont une forte présence dans la mémoire et l'imaginaire de l'auteur. Paris, bien sûr, mais aussi l'Europe Centrale et surtout la Hongrie. Tiens, allez prendre un chocolat au Café Gerbeaud, place Vörösmarty à Budapest et vous verrez qu'on en conserve la nostalgie... Alors, partons en voyage avec l'auteur, comme dans un songe.
L'image et la photo sont, dit-on, les véhicules privilégiés du partage de l'émotion. Il est vrai que quand PR nous prend par la main pour visiter Budapest, Vienne, Cologne ou Paris, ce qu'évoquent en elle ces rues, ces êtres, ces sons, ces perspectives sont autant d'émotions souvent paisibles, mais qui en appellent aussi à l'intelligence de ce qui s'y est produit en ces années du milieu du siècle dernier. Oui, ces descriptions de lieux aimés sont bien des photos qu'aurait prises un photographe sensible qui savait, dans son cliché, apporter plus que le reflet d'un instant.
Mais ce roman vaut aussi par son intrigue. Un jeune homme de 15 ans, Joseph, souffre du vide affectif de sa famille. Sans affection, sans échange, comment se construire lorsqu'on est adolescent ? Joseph, par hasard, aura la chance de rencontrer un groupe d'émigrés, d'exilés de cette Europe de l'Est qui vont devenir sa véritable famille, un peu débridée, mais chaleureuse et ouverte. Il deviendra un des leurs, y trouvant amitié et réconfort. En échange, il leur apportera sa jeunesse... et son talent de pianiste. Un véritable roman de formation, car en plus d'apprendre à se conduire en être social, Joseph y découvrira le désir.
Ce roman est attachant, bien écrit, d'une façon plutôt calme, presque contemplative parfois, mais jamais racoleur. Sa première vertu n'est sans doute pas l'intrigue, assez linéaire. Mais sa valeur procède de ce qu'il raconte, de ce qu'il donne à découvrir de cette Europe de l'Est que les Français connaissent si peu, à commencer par l'Allemagne. Alors, acceptons cette belle invitation au voyage...
Albin Michel (2017) - 330 pages