kennedy questions
 
DK a rédigé ici un manuel bien documenté de la vie sage. Comme Sénèque ou Montaigne, il sait que notre équilibre dépend de nous avant toute autre considération. Pour avoir lui-même supporté des moments sombres, il sait de quoi il parle et ses exemples sont convaincants. Et, sauf erreur de ma part, il me semble qu'il a souvent raison et que ses propositions méritent d'être prises en considération.
 
Son livre est structuré en 7 chapitres, qui sont autant de questions, qu'il dit modestement "sans réponse". Pour autant, sans leur en apporter une dogmatique comme une révélation, il propose toujours un chemin à suivre, accessible, apaisant et qui maintient notre intégrité. Rien de révolutionnaire, certes. Mais par exemple, rappeler que les instants de bonheur sont souvent minuscules et fugaces est sage et justifie l'invitation faite de ne pas les négliger. Et lorsqu''il affirme que nous ne ferons jamais le bonheur de personne, c'est aussi nous dire que c'est en nous et par nos actes qu'il faut aller d'abord chercher le nôtre. Autre exemple, le texte sur le pardon me paraît infiniment juste : c'est notre paix que retrouvons en pardonnant, en nous débarrassant de la haine et du ressassement des souffrances, fruits des blessures et des injustices que nous avons subies. Le reste est à l'avenant, simple, direct et pratique.
 
Mais surtout, la force du livre est son absence totale de dogmatisme. DK tire de ses expériences personnelles ou de ce qu'il a pu observer, une sorte de sagesse pratique qui ne ressemble ni de près ni de loin à un système philosophique. J'ai vu ceci, dit-il, j'ai vécu cela et voilà ce qui a fait problème, parfois jusqu'au drame. Alors, n'aurait-il pas mieux valu faire ceci, réagir comme cela ? Face au drame, par exemple, comme un accident qui nous prive d'une personne aimée, il n'y a certainement pas de règle de conduite toute faite. Et pourtant, il est bien clair que s'enfermer dans un ressassement n'est pas la bonne solution, surtout cela menace notre intégrité, voire notre dignité et souvent la paix intérieure de ceux qui nous entourent. Une leçon d'optimisme, sans illusion ni grands mots. Ce ne sont là que des exemples.
 
Le livre se lit bien, comme une sorte de livre intime, presque une confession, parfois. Il est agréable à lire, même si certains longs développements auraient pu être évités. De même, l'usage très fréquent de la vie sentimentale comme réservoir d'exemples est un peu excessif. L'emploi de la relation parents-enfants comme terrain d'exercice de la sagesse est en revanche fort réussi. Il semble que l'auteur a eu là un panier d'épreuves bien fourni...
 
Sans doute un livre à relire.
 
Belfond (2016) - 362 pages