"... et autres malentendus sur le climat et l'énergie"

Nous avons tendance à oublier que c'est la large disposition d'énergie qui est à l'origine de notre croissance économique et du bien-être qui en est la conséquence, en permettant une augmentation de la quantité de biens et services pour une même quantité de travail. Cette relation n'est pas une pure causalité, car d'autres facteurs, un peu oubliés par l'auteur, doivent cependant être à l'œuvre pour atteindre le résultat.
Et, sauf avec le nucléaire, la production de CO² est inséparable des carburants fossiles utilisés. La quantité de CO² produite a donc crû considérablement et, en dépit des messes écologiques, elle augmente encore et, pire, l'efficacité PIB/CO² mondiale ne s'améliore pas.
Ce livre est très documenté et chiffré jusqu'en 2014, date ultime de sa couverture. Les tendances décrites et en particulier la baisse de disponibilité de l'énergie à la suite des différentes crises ne semblent cependant pas avoir changé. Il montre aussi les illusions (volontaires ?) où nous enferment les dogmes de transition écologique actuels et la vanité de leurs promesses.
 
L'essentiel du message est la stabilisation constatée de l'énergie disponible et à terme sa régression, comme le montrent les chiffres présentés. C'est un virage majeur par rapport à l'après-guerre où l'énergie disponible avait crû massivement, entraînant d'ailleurs la croissance et l'expansion de la démocratie comme exercice de partage du gâteau. Cette situation de pénurie risque d'être pérenne, en lien avec la réduction voulue d'usage des énergies fossiles (et un jour leur manque ?) pour trois raisons.
 
D'abord, le développement du solaire et de l'éolien en remplacement du fossile est un mythe irréalisable. En effet, l'investissement par kWh produit utilisable est environ 10 fois celui du nucléaire et supposerait des masses financières dont le monde ne dispose pas. Et qui pourrait conseiller un tel gaspillage d'investissement en dépensant 10 là où 1 suffit ? Ce n'était peut-être pas sans raison que l'usage ancien des moulins avait été abandonné !
 
Ensuite, l'expérience allemande montre, après 350 milliards d'euros investis en solaire et en éolien, que le CO² par habitant a augmenté et non diminué en raison de l'intermittence de production, compensée par des énergies fossiles. Cercle vicieux ! Sans négliger la dépendance stratégique à ces produits qui n'existent que peu en Europe. Quant au développement souhaité des pays jeunes et où l'investissement est rare, il se fait au charbon, à investissements faibles. La consommation mondiale en explose donc. 
 
Enfin, l'ostracisme à l'égard du nucléaire a stoppé (pour l'instant ?) son développement, allant jusqu'à mettre au rebut des réacteurs en bon état de marche. Il faut être riche pour se payer de tels gaspillages ! Dommage, car le livre montre bien en s'appuyant sur des documents publics et non des professions de foi que c'est à ce jour l'énergie la moins dangereuse, la plus mortelle étant l'hydraulique, suivie par le charbon. Et surtout, l'investissement massif nécessaire à la transition est à notre portée, pour un kWh bon marché, démantèlement des réacteurs compris.
 
Le livre passe aussi en revue certaines conséquences prévisibles ou potentielles d'un monde sans croissance de l'énergie disponible et se pose quelques questions comme celles qui suivent. L'université pour tous n'est-elle pas une erreur ? La démocratie, produit de la croissance, pourra-t-elle résister ? La libre concurrence est-elle un bon choix en matière d'énergie ? La voiture électrique, qui double au km la production de CO² par rapport au thermique et oblige à une explosion de l'industrie minière dont on connaît la pollution, n'est-elle pas une aberration ? Il y en a bien d'autres.
 
Riche, même parfois foisonnant, cet essai utile est d'une lecture enrichissante et facile, essentielle à notre époque où la foi écologique bruyante et mensongère en faisant passer ses illusions pour des réalités est en train de nous entraîner dans le décor.
 
Odile Jacob (2015), 198 pages