Avez-vous envie de passer un bon moment ? Si la vraisemblance d'un récit ne vous préoccupe pas trop, ce livre vous ravira. Peut-être avez-vous aimé un vieux film de 1979, "Bienvenue Mister Chance "? Vous retrouverez ici bien des analogies de situations et le même type d'humour propre aux dialogues, où chacun n'écoute que ce qu'il veut entendre. De plus ce roman décalé  est une satire du monde de l'édition, de ses agents, de ses commerciaux, de ses jurys et le massacre est sans retenue ! Une pochade réjouissante.
 
L'affaire mérite beaucoup d'indulgence, car un ours qui vole un manuscrit pour devenir écrivain et donc un humain n'est pas une aventure courante. Ici, elle court si bien que le livre de l'ours explose toutes les limites du succès et fait de l'ours un homme (?) riche et donc respecté. Tous le sollicitent, y compris une volée de femelles humaines. Même le président Kennedy le rencontrera et tombera sous son charme. L'ours ne manquera donc pas de miel.
 
Le monde de l'édition en prend pour son grade et donne à l'auteur l'occasion d'en dresser un tableau sans pitié. Marketing outrancier, contrats arrachés "à la culotte", la littérature transformée en marchandise à fric ne sent pas très bon. N'y aurait-il pas là un petit règlement de compte ?
 
Le monde de la justice passe aussi par la moulinette de l'auteur, sans indulgence non plus.  L'ours, devenu discrètement "Lord" (la veille de son procès, en achetant un titre), en impose et voit vite fondre les soupçons pesant sur lui, aussi fondés soient-ils. Est-ce vraiment comme ça que ça se passe ? En tout cas, cela fait une intrigue réjouissante.
 
Le livre se lit d'ailleurs très agréablement et la traduction y est sans doute pour quelque chose. Alors, un petit Armagnac dans une main et ce livre dans l'autre, on peut, pour quelques heures, oublier la noirceur et la tristesse du monde actuel.
 
Cambourakis (1996), 325 pages