Vous aimez l'histoire un peu romancée ? Vous aimez la musique ? L'invraisemblable aventure des centaines de manuscrits du musicien entre sa mort (1741) et aujourd'hui, ce que raconte ce brillant livre est palpitante. Le lecteur ne se lasse jamais de ces péripéties rapportées avec humour et élégance par un spécialiste de Vivaldi. Un récit plein de charme.
Vivaldi passa de mode à la fin de sa vie et ses revenus en ont alors beaucoup souffert. Mais, sans doute persuadé de sa bonne étoile, il ne fit pas suivre à ses dépenses un chemin décroissant. Les dettes s'accumulèrent, les créanciers nouveaux se firent rares et les anciens devinrent impatients. À la fin de sa vie, Vivaldi endetté lourdement vivait dans la misère et se cachait.
À sa mort, le seul bien monnayable était la masse considérable de ses manuscrits non encore édités, même si leur valeur de marché n'était plus qu'un petit pourcentage de leur valeur musicale que seuls quelques visionnaires savaient pressentir. Ce fut le cas du frère du musicien, Francesco, qui se doutait que, tombant dans les mains des créanciers, tout risquait d'être dispersé et donc en grande partie perdu avec le génie de son frère.
C'est alors que commence l'aventure. Francesco vide nuitamment le trésor la veille de l'expertise, trésor qui va aller de mains en mains, être divisé, longtemps oublié, reconstitué, enfin édité. Tout cela au cours de péripéties dignes du meilleur policier. S'y ajoutent mensonges, jalousies, trahisons des "découvreurs", ou prétendus tels, quand ceux qui, compétents et passionnés, ont effectivement sauvé ces œuvres sont pourchassés par Mussolini, comme juifs indésirables.
Tout cela nous est rapporté ici avec humour et sans ménagement, dans une langue agréable. Les documents fournis à la fin du livre attestent de la vérité historique de la ligne du récit. L'auteur met l'aventure en scène avec dextérité en combinant une quinzaine de petits blocs de récit autour d'un événement survenu à des dates précises, situées entre celle de la mort du musicien et aujourd'hui. Un grand plaisir de lecture !
Van Dieren (2015), 280 pages