L'auteur présente ici le tome 2 de sa série "L'Emprise". Il s'agit d'une vision délibérément spectaculaire et romanesque de ce que pourraient être l'exercice du pouvoir et la gestion des affaires publiques. Il résume les moteurs de cette action en en positionnant trois au premier plan, dont le mix caractérise les individus : Pouvoir, argent, sexe. C'est parfait pour écrire un roman, vigoureux et séduisant comme celui-ci. Mais cela reste incomplet pour prétendre représenter la réalité. Il y manque la pulsion de faire bouger le monde, de construire, qui anime aussi le bras des hommes de pouvoir et qui ne se confond pas avec le goût du pouvoir. Sans cela les personnages sont des maffieux un peu séniles, comme les pantins présentés ici. Cela étant, on ne s'ennuie pas !
 
Ce roman dégage un parfum de monde d'hier, ronronnant et stable, où le flux des événements conduit plus les hommes au pouvoir que l'inverse. Alors, ceux-ci picorent les opportunités, jouent les chefs, piquent une commission au passage, jouissent d'une belle et, bien entendu, se jalousent entre eux, emportés par le "toujours plus" de tels comportements prédateurs. Mais sont-ils conscients que sans action sur la chose politique, les décisions se prennent ailleurs ? Qu'ils se vouent à être les toutous d'un autre ? L'apocalypse joyeuse, n'est-ce pas ?
 
En dépit de ces réserves sur le réalisme de cette intrigue, la lecture de ce roman est agréable, même si le style ne la rend pas toujours simple. La friture entre deux voyous, l'un Président de la République et l'autre ministre des Finances, ne manque pas de piquant. De même, l'interaction entre services secrets, basée sur une absence de collaboration absolue, mais un sens du risque éminent et une éthique poisseuse, a le charme qu'on veut bien lui donner. Non, on ne s'ennuie pas dans cette aventure où l'auteur maitrise parfaitement les mécanismes du pouvoir politique. Encore faut-il ne pas prendre tout cela trop au sérieux !
 
Folio (2015), 348 pages