Je dirais plutôt "Minerai", car il faut en exploiter de nombreuses pages, avant d'en extraire quelques bons morceaux ! Il s'agit du récit de personnages noyés dans la contemplation d'eux-mêmes et de leurs caprices, souvent arrogants, vraisemblablement assistés, aux relations sociales presque inexistantes et au fond sans grand intérêt. L'intrigue est parfaitement invraisemblable et, comme telle, fastidieuse. Émergent, parfois des moments de poésie fugitifs qui tentent de sauver la donne. Cela n'en fait pas un grand roman.

 

La pierre de touche de ce livre, la narratrice, est une ancienne employée de l'Éducation nationale qui n'a jamais su enseigner et s'est retirée pour devenir serveuse de bar à temps partiel et sans doute au chômage pour le reste. Elle a le rêve de devenir un caillou (sic). Sans amis, sans vie sociale ni amoureuse, elle vaque. Un voisin louche (je ne veux rien révéler pour ne pas détruire le suspense, s'il y en a un), se dit sculpteur et va l'induire à poursuivre sa tâche en Corse où il a entrepris une sculpture. Elle s'y colle pendant 40 ans et réussira seulement à casser ce qui avait été fait, pour s'y introduire et devenir caillou. Ceci résume l'intrigue plutôt saugrenue.

Son existence en Corse réserve quelques descriptions parfois bien tournées, mais pas très flatteuses pour les habitants, tous aussi individualistes qu'elle, poivrots impénitents, bandits, aussi seuls au monde qu'elle. On s'endort en lisant ça. Elle aussi, qui se réveillera à 80 ans pour finir aussi misérablement qu'elle avait commencé et découvrir qui était vraiment son mentor "sculpteur".

Pourquoi et pour qui écrire cela ? Je suis amusé de trouver en 4e de couverture quelques zélateurs cités. Je dois avoir les yeux bouchés et le cœur sec. Un vrai caillou, quoi !

Le tripode (2019), 196 pages