Tenter d'exprimer brièvement les convictions qui ont charpenté sa vie est ici l'intention de l'auteur. Il le fait probablement d'abord pour lui-même, pour être à jour et juste dans le miroir des mots. Peut-être le fait-il aussi pour nous, pour partager autant que possible une recette de vie qui l'a guidé et lui a conféré un certain confort de vivre. ? Peut-être enfin veut-il conjurer ses malaises face à la prochaine échéance, sa mort attendue ? Mais il me semble aussi que d'autres principes, d'autres attentes, d'autres inquiétudes, moins exprimables, sont restés au fond d'un porte-plume retenu et fier.
Penser sa mort est une saine pratique, car l'exercice jette sur la vie encore active un éclairage utile, cette vie que l'auteur qualifie de "rêve et de délice et qu'il prend en fin de compte comme une "bénédiction". Pour autant, je ne l'accompagne pas dans son inventaire des grandes questions supposées se poser à nous : que devenons-nous après la mort, que savons-nous, qui guide notre destin, etc. Elles ont reçu tant de réponses non conclusives qu'on peut craindre qu'elles ne soient qu'un jeu métaphysique futile, maladroit et très intellectuel. Elles ont pour moi la valeur des jeux de mots.
Beaucoup plus touchante est la révérence faite par Jd'O au savoir et surtout à la science, qu'il nomme "une espérance mêlée d'effroi". On doit rendre hommage au travail de lecture et de réflexion qu'il a fait, à sa volonté de comprendre une matière souvent abstruse, mais dont les conséquences techniques conditionnent une part croissante de nos vies. L'histoire de l'univers le fascine et tout particulièrement celle de la vie. Ses propos d'"honnête homme" sur ces sujets sont profonds et m'ont tenu en haleine, moi qui ai eu la chance d'approcher une partie de ce savoir. Peut-être l'approfondissement de "l'effroi" cité plus haut aurait-il été bienvenu, car il est réel et nous questionne tous. Son point de vue aurait été bienvenu.
Il aborde enfin la religion, les religions, où il oppose à mon avis très justement "savoir" et "croire". Il me semble en effet que le savoir enchante les cerveaux curieux, mais désespère ceux perclus de croyances illusoires. Jd'O a la conviction que "croire est une grande chance". Mais il avoue ne pas croire, tout en le regrettant et il précise les attendus de cette position pour le moins souple et tolérante. Sa pensée butera sur le rôle du hasard dans l'évolution, comme celle d'Einstein en 1927 ("Dieu ne joue pas aux dés"). Sa conclusion est conciliante : même si Dieu ne répond pas à l'appel, Jésus en est le fruit réel et il est admirable.
Un livre bref, constitué de parties de quelques pages, bien écrit, lisible par tous et qui mérite d'être lu et sans doute relu.
Héloïse d'Ormesson 2018, 141 pages