Ce policier américain est original dans sa forme, ce qui le rend fort agréable à lire. Il mélange en effet une classique intrigue policière que j'ai d'ailleurs le sentiment d'avoir déjà connue ailleurs, où d'affreux malfrats commettent des horreurs, avec de longs passages contemplatifs sur le ciel, la nature, et, bien entendu, la pêche à la mouche, présentée ici presque comme un support de méditation, comme pourrait l'être l'art du sabre au Japon. Dommage en revanche que l'intrigue ait eu, pour moi, un petit air de réchauffé et se laisse pressentir assez vite ! On passe néanmoins un bon moment à la lecture de ce livre.

 

 

L'affaire se joue dans un splendide complexe de loisir du Colorado, axé sur la pêche sportive et réservé à une élite du porte-monnaie. Le lieu où il est situé est magnifique et le roman fait de la beauté de ce site un sujet de digressions poétiques vis-à-vis de l'intrigue, tout à fait réussies. L'art de la pêche à la mouche nous est présenté par la même occasion, à la fois technique (il faut que le poisson s'y fasse prendre) et élégant dans son exécution. Jack et Alison sont des artistes en la matière ! On rêve de les accompagner. Quoi que...

 

... ce n'est peut-être pas une bonne idée. Comme dans tout bon policier, l'espace de confort des hôtes manifeste assez vite ses petites fissures. Pourquoi ces pancartes dissuasives ? Que font ceux qu'on ne voit jamais pêcher ? Pourquoi cette surveillance si minutieuse ? Et ces étranges caméras sont-elles vouées à nous protéger ou à nous espionner ? L'inquiétude nait vite de ces découvertes et c'est pour y répondre que Jack va entraîner Alison dans une enquête qui aurait pu être captivante, mais qui, assez vite, peut se laisser devancer par notre intuition. Ce qui, si c'est le cas pour le lecteur, n'empêche pas le plaisir de voir son anticipation se confirmer peu à peu.

 

Conclusion : prenez le risque de ne pas être surpris, car l'ensemble se tient bien et la célébration de la beauté des paysages du Colorado vaut le détour.

 

Babel (2021), 303 pages