L'auteur de ces lignes ose à peine, le sourire aux lèvres, vous rapporter le contenu de cette lecture d'un livre incorrect, pernicieux et immoral. Nous qui sommes parfaits, sages et dont tous les actes sont pondérés par le souci des autres, la justice et la probité, oui, nous frémissons de savoir que l'oncle Oswald a mené cette vie déréglée, qu'il a été heureux et riche, sans que le ciel lui tombe sur la tête. Et, comme on l'a fait dire à Gide, si jamais l'enfer n'existait pas ? Allez, même si cette pantalonnade un peu boursoufflée traîne parfois en longueur, l'humour fracassant de l'auteur dans le scabreux et le je-m’en-foutisme résonne encore assez bien dans les mentalités de notre temps.

 

 

Je ne suis pas certain que vous serez totalement persuadés de la crédibilité des actes affreux inspirés à l'oncle par la jouissance qu'espère tirer l'humain de son acte de reproduction. Soyons francs : tout ça est un peu tiré par la queue ! Pardonnez-moi cette allusion, car c'est bien en la tirant fort, par l'intermédiaire d'une belle libertine, que l'oncle imagine construire sa fortune.

 

Il est vrai qu'il avait au paravent, fort astucieusement, et en avance sur son temps, mis au point la pilule de la puissance virile et le circuit commercial pour en tirer profit. Ce qui était alors osé et immoral a revêtu de nos jours la sanctification médicale et donc ainsi, oncle Oswald, d'un vieux cochon profiteur est devenu un thérapeute respectable.

 

Qu'il ait ensuite suborné une belle enfant comme vecteur de sa quête... Allez, je ne vous en dis pas plus, car tout et plus est dans ce roman juvénile et farceur, dont la conclusion est, elle aussi, plus immorale qu'on ne pense.

 

Alors, plongez, si vous osez, dans cet océan dévastateur d'aventures scabreuses rapportées en mode comique. Et peut-être penserez-vous, vous qui avez vécu, qu'il y a pire, quand on sait que tout ce que l'homme peut faire, un jour ou l'autre, il le fait.

 

Folio (1979), 315 pages