vedrine histoire
 
Ce bref essai de politique internationale frappe par son ton calme, emprunt de réalisme, pour nous rappeler que les faits ont la tête dure. Mais il dit aussi que les Français ne sont pas désarmés dans le grand jeu mondial, en dépit de leur pessimisme actuel.
HV rappelle tout d'abord le vertige qui a saisi l'Occident en 1990. Le monde entier allait vers la sérénité de la "fin de l'Histoire". Cette dernière n'a pas tardé à rappeler qu'elle vivait encore et que des forces nouvelles la mettaient en mouvement : septembre 2001, engagement débridé des Américains au Moyen-Orient, affrontements intercommunautaires, échec européen, dérive de la bulle financière, montée des inquiétudes écologiques, etc. Le monde qui vient fait peur aux vieilles nations qui perdent leur influence et surtout leurs repères.

Ce nouveau monde multipolaire qui nous environne nous a donc, nous occidentaux, en partie privés de notre pouvoir de faire l'histoire. De plus, en dépit de son efficacité économique libérale, il ne prend pas bien en charge les effets et les coûts des conséquences de ses actes dans les domaines sociaux et environnementaux en particulier. Une régulation est nécessaire et des organes internationaux tentent de l'établir, mais sous le contrôle évanescent d'états qui ont peu à peu cédé une part croissante de leur pouvoir pour rendre cette régulation possible. Paradoxe. L'illusion la plus pernicieuse devient, aux yeux d'HV, celle d'un supranationalisme rampant, privant les État de leur capacité à donner le la. C'est donc une mise au clair du rôle des états que souhaite HV face aux institutions supranationales, états qui seuls ont la légitimité suffisante pour prendre, si et quand nécessaire, les décisions importantes.

Alors l'Europe ? HV pense qu'elle a tout son sens, malgré ce qui a été dit plus haut, et qu'elle est attendue des peuples européens. Encore faut-il mettre un terme à un élargissement infondé et surtout de transformer l'U.E. en instance supranationale. Ses activités administratives et de régulation sont jugées excessives en l'état actuel de son contour encore si flou.
Et la place de l'Europe dans le monde ? Il faut en débattre de façon urgente. Car la cacophonie récente des voix européennes est synonyme d'impuissance. L'idée majeure d'HV est en gros de promouvoir des projets concrets, de les réussir et, dit autrement, de donner à nouveau un désir d'Europe. Les institutions suivront.

Et la France ? Elle se fait assez mal à l'idée qu'après avoir projeté ses valeurs sur le monde, c'est aujourd'hui lui qui projette les siennes sur elle par les effets de la mondialisation. Sans oublier que l'Europe n'a pas été le relai d'influence espéré. Mais nos atouts restent importants, si nous savons nous ressaisir. Car, ne pas le faire, serait accepter une certaine servitude que nous ne tolérerions pas. Encore faut-il cesser de se complaire dans un ressassement de notre passé et prendre notre sort activement en mains.

HV rappelle d'ailleurs à ce sujet qu'une politique étrangère a d'abord pour but la défense de nos intérêts vitaux, de notre autonomie de décision et de notre influence. On peut vouloir plus ; mais il faut d'abord vouloir cela.

Un livre utile dont on aimerait souvent approfondir les pistes.


Editions Fayard (2007) - 150 pages