Ce court récit tente de nous faire partager une partie de la philosophie bouddhiste en nous plaçant dans la peau d'un personnage, Simon, qui est la "réincarnation" de l'oncle du sage bouddhiste Milarepa. EES en profite pour nous faire partager l'apport qu'a eu cette religion sur sa vie et sur son rapport au monde.
Comme Saint Augustin, Milarepa eut une jeunesse qui lui donna l'expérience du mal. Rien de tel pour savoir ensuite de quoi on parle ! Avec une grande habileté de romancier, EES nous raconte tout cela à travers les yeux d'un jeune homme de notre temps, oncle de Milarepa et son pire ennemi.
Peu à peu, nous allons comprendre que le mal que le bouddhisme nous aide à traquer est en nous, dans nos haines et nos attachements. C'est notre ego et seule, la rupture de ces liens dangereux avec le monde peut nous rendre la liberté et la paix.
C'est sans doute la force et l'originalité de cette pensée qui ne cherche ni à séparer le bien du mal, ni à combattre ce dernier, mais qui invite à se détacher de l'un comme de l'autre, des désirs et des rejets, pour les priver de leur pouvoir toxique sur nos esprits. La vie de Milarepa est la réalisation incarnée de ce détachement mystique, qui peut servir de modèle d'existence à chacun.
Encore faut-il être convaincu qu'un tel retrait permet de construire un homme et surtout une société. Suffit-il de fermer les yeux devant le crime pour être heureux ? Cela paraît un peu court et pour tout dire bien insuffisant.
EES nous livre ensuite sous la forme d'un entretien une très remarquable analyse du bouddhisme et de la place qu'il a prise dans son éthique personnelle. Propos pondérés et très justes auxquels, connaissant un peu le bouddhisme, je souscris pleinement. Il ne s'agit pas d'adhérer sans réserve, de croire ou de faire un pari, mais de comprendre que cette pratique du détachement peut apporter beaucoup, ici et maintenant, pour contribuer à construire une vie.
Il ne s'agit pas non plus d'accepter ce dogme bouddhique que tout est souffrance sur terre, dogme dont tout découle pour échapper à ce sort. Ce dogme est d'ailleurs commun à d'autres marchands de saluts et relève pour moi de l'art méprisable de cracher dans la soupe.
Ce livre est particulièrement agréable à lire et aide à réfléchir à cette philosophie que la turbulence du monde où nous sommes rend actuelle et utile. Une approche du bouddhisme des plus simples et des plus justes que j'ai rencontrée.