pavlowski blackstone
 
Voici un excellent roman policier qui se lit avec l'attente du contenu de la page suivante, du début à la fin. Il présente une intrigue construite sur un problème actuel sérieux, à savoir la conjonction de la financiarisation de l'économie et de la facilité croissante de sa manipulation par la robotisation des transactions. Ce qui n'est pas sans rappeler la manipulation par G. Soros des taux de change de la Livre sterling en 1992, ce qui ne fut, hélas, pas un roman.
 
Le sujet est en effet sérieux et semble pour l'instant échapper à tout contrôle. Difficulté technique ou choix délibéré ? Par nature les transactions financières sont transnationales. En particulier certaines monnaies servent à des paiements internationaux et d'autres sont, officiellement ou en pratique, partagées par plusieurs nations. L'Euro est un exemple de cette situation pour l'Europe. Or on sait l'importance pour un Etat que peut avoir une modification du taux de l'argent qu'il emprunte (pour la France, par exemple, une hausse du taux de 1% coûte 10 milliards par an, à peu près le budget de la Justice !). Or la fixation des taux, décidée un peu par les marchés et beaucoup par la spéculation sans frontière, est en même temps imprévisible, essentielle pour l'équilibre des budgets des Etats et leur échappe presque complètement. D'autres raisons, plus politiques, contribuent à cette tolérance de fait.
 
De plus, l'informatisation des transactions financières permet des opérations très rapides (la milliseconde) et programmées à haute fréquence, à des rythmes absolument inaccessibles à un humain. Or, la réglementation est encore très inspirée du crayon et du calepin, ce qui laisse la porte ouverte à des manipulations comme celles dont nous entendons parfois parler, sans conséquence grave pour leurs auteurs comme G. Soros, mais aussi comme toutes celles que nous ignorons. Sans négliger le passage par des Etats voyous, dit paradis fiscaux, qui effacent toute trace de ces malversations. Notons au passage que l'accusation faite au Bitcoin d'être la monnaie des criminels mériterait d'être pondérée par une appréciation plus juste des blanchiments et évasions fiscales tolérés par le système financier officiel.
 
Le roman parle de ces choses d'une manière crédible et nous fait partager cette part, un peu obscure, de notre univers. Mais il convient de le lire aussi et peut-être avant tout comme un bon policier, aux personnages bien campés et à l'intrigue sans temps mort. Une belle réussite !
 
Sylvainpavlowski.com (2017), 370 pages