"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
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Je viens de faire une première lecture de ce livre paru en 2001. Il m'en faudra d'autres pour en saisir toutes les facettes, en dépit d'un passé, certes lointain, de scientifique.
De quoi est-il question ? Rien moins que de proposer à "l'honnête homme" une vision des percées scientifiques récentes et de la compréhension de l'univers qui en résulte. L'auteur cherche ainsi à apporter des réponses nouvelles à de vieilles questions. Les plus fréquentes concernent le temps, comme par exemple : peut-on voyager dans le temps, peut-on prévoir l'avenir, qu'est ce que l'hitoire et est-elle unique ? Le poids de notre savoir en relativité et en mécanique quantique fait ainsi progresser sur le rude chemin de leur réponse, mais nous ne sommes pas au bout de notre peine. C'est même souvent les questions elles-mêmes qui se voient mises en cause, fondées à l'échelle de notre existence quotidienne, mais perdant parfois leur sens à l'échelle du très grand ou du très petit. Passionnant, bien que difficile d'accès pour ceux qui ont fait un trop court chemin dans le monde du savoir scientifique.
Ce livre pose indirectement une autre question, déjà abordée dans le livre de Roland Omnès, "Philosophie de la science contemporaine". Est-il possible de comprendre la formalisation mathématique croissante qui exprime les lois de la nature en dehors de notre échelle ? Est-il possible de visualiser ses prévisions dans notre cerveau ? Ceux qui ont quelque familiarité avec la mécanique quantique savent combien l'obligation d'abandonner notre "bon sens" pour comprendre quelque chose est frustrant. Et pourtant, le succès explicatif de cette théorie est prodigieux, lui conférant donc de la réalité ! Or, ce livre fait un effort considérable pour parler simplement de choses prequ'incompréhensibles pour le non initié. La gageure est elle tenue ? Difficile de l'affirmer.
Il n'en reste pas moins que les deux premiers chapitres, sorte de résumé de ce que le début du 20ème siècle nous a appris en matière de relativité et de mécanique quantique est un bagage culturel que devraient posséder "l'honnête homme" de notre temps. La suite ne peut être abordée qu'à ce prix. Mais elle le mérite.
Livre difficile et qui excite la réflexion.
Éditions Odile Jacob 2001
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Büchner , né en 1813, meurt du typhus à vingt-quatre ans en 1837. Les trois pièces de ce livre ont été écrites entre 1832 et 1837, trois pièces fort différentes.
La Mort de Danton est une sinistre variation désespérée sur le destin. L'homme trompe son inquiétude par ce qu'il trouve : ici, la révolution et ses jeux cruels d'absolutisme sanglant. Soit. Alors, pour se prouver qu'il existe, il guillotine. Drôle, non ? Il s'en lasse, d'ailleurs, ce pauvre Danton. Ses copains finissent par avoir peur de ce qu'il pourrait faire de sa grande notoriété avec une tête pleine de pensées vagues. Alors ils la lui coupent. Logique. Tout cela est écrit dans un style ampoulé type Théâtre National (socialiste, d'ailleurs) Populaire, plein de bonne conscience. J'ai eu du mal à terminer, tant l'ennui, voire le rejet de ces clowneries irresponsables fatigue.
Léonce et Léna est une comédie, dont je dirais, pour faire bref, qu'elle se conclut sur l'apologie des 35 heures (voire moins). Le très jeune Büchner nous fait part de son très grand pessimisme sur la capacité des hommes à diriger. Qu'en sait il ? C'est une pose, sans contenu réel et sans expérience. Nous sommes hélas encore entourés de ce genre de commentaires intellectuels creux. C'est politiquement correct mais plutôt indigne d'un esprit qui veut raisonner droit. C'est cependant assez bien écrit, là aussi très TNP.
Woyzeck travaille dans la classe supérieure, mais relevant aussi d'un semblable pessimisme sur notre espèce. Elle est cruelle, abuse de son pouvoir, et se réjouit du mal qu'elle fait. L'histoire n'a rien démenti de cet aspect, mais ne voir que cela, dénoncer seulement parait court. A la décharge de Büchner, on doit reconnaître que son époque tourmentée ne lui facilitait pas une vision irénique des rapports sociaux ! Il me semble cependant que sans Alban Berg, cette pièce ne pèserait plus très lourd.
Je suis globalement très négatif vis à vis de cette littérature facile, mais profondément intolérante. Que Büchner ait une facilité, un style direct, c'est vrai. Qu'il le mette au service de son inexpérience du monde pour avancer des propositions nihilistes, c'est au mieux une maladie de jeunesse, au pire un dévoiement. Le 20ème siècle a tant souffert de ces imbéciles fanatiques dressés sur leur ignorance pour affirmer que la race juive doit être anéantie ou que les lendemains qui chantent passent par les goulags et les massacres que voir chez cet auteur les germes de cela me fait dresser sur mes ergots. Monsieur Büchner, bonsoir.
Éditions L'Arche 1999
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Léo Perutz né à Prague en 1882 est mort en 1957. Juif, il devra quitter Vienne au moment de l'Anschluss et s'installera en Palestine. Venu tard à la littérature, il n'écrira que 13 romans.
Celui-ci date des dernières années de sa vie et ne sera publié qu'en 1959, après sa mort. L'histoire est simple et linéaire. Dans la ville de Milan, en 1498 Léonard de Vinci peint une oeuvre majeure pour un couvent et veut en faire un témoignage de son génie à la postérité. Il ne s'accorde aucune faiblesse et bute sur une difficulté qu'il veut résoudre à tout prix avant de terminer son oeuvre. En effet, il ne trouve pas de modèle au Judas de la Cène qu'il est en train de peindre et passe son temps à le rechercher dans tous les lieux de Milan. En fait il ne sait pas ce qu'est un traître et ce roman est le cheminement de Léonard vers cette "vérité" qu'un traître (à qui Jésus n'accordera pas son pardon !) est un homme qui a trahi l'amour ; encore faut-il qu'il ait aimé... Jésus aurait tout pardonné sauf cela.
Au delà de cette thèse, sympathique mais discutable, ce roman se lit comme une aventure, bien écrite, à la lecture facile et coulante. Le cadre historique est un prétexte, un décor, mais l'Histoire n'y trouvera certes pas son compte. Les personnages sont précis et bien campés sauf un Léonard un peu absent. En revanche le personnage qui sera le 'Judas de Léonard' et qui assassine son amour pour réaliser ses plans dérisoires est remarquablement traité. L'intrigue nous retient jusqu'à la dernière page sans faiblir. Les dialogues sont extrêmement vivants et en parfaite adéquation avec les personnages. On ne s'ennuie pas pendant les quelques heures de cette lecture qui plaira à tous.
Éditions Phébus 1989
Page 298 sur 314