brown vinci
 
Si la définition de la consommation est la destruction finale de l'objet, convenons que nous avons ici en main un objet de consommation. Car une fois lu, il ne se relit pas ; il est détruit.

Le lire une fois est une agréable expérience. C'est un roman policier très réussi, qui ravira ceux que l'ésotérisme fait rêver. Et l'auteur nous entraîne magistralement dans son intrigue, tendue à souhait, pleine d'impasses.. où l'on trouve des issues providentielles, jusqu'à une fin en queue de poisson, que l'on espérait plus explosive, plus spectaculaire. Mais ce qui compte, dit-on, c'est le chemin, pas le but.

Le relire aurait un sens si son contenu apportait un savoir à méditer, ou s'il s'agissait d'une approche littéraire de valeurs, de caractères intemporels, ou une qualité d'écriture de haute tenue. Ce n'est pas le cas. Les personnages sont des caricatures bien dessinées, pas des caractères. Le style est parfait pour le genre, mais ne le transcende pas.

Quant au contenu, qui joue sur les mensonges délibérés de l'église chrétienne, est-ce une révélation potentielle, comme l'auteur semble essayer de nous le faire croire ? Pour en être une il faudrait autre chose pour nourrir cette révélation que la reprise de rumeurs ou d'interprétations qui traînent un peu partout depuis longtemps et qui sont d'ailleurs peut-être vraies. Un travail historique aurait été plus convainquant. Je signale par exemple dans cet esprit le livre des travaux archéologiques faits sur les premiers livres de la bible (La Bible dévoilée par Finkelstein et Silberman) qui dispose par son effort de recherche de preuves d'une autre force de persuasion. Qui peut croire un instant que la "révélation" de ce dont "Da Vinci code" nous parle en frémissant aurait de nos jours le moindre écho ? Qui peut croire que l'humanité changerait en quoi que ce soit à la suite de cette révélation ? C'est pourtant la thèse du livre qui, sans cette hypothèse, ne tiendrait pas. Et comme je ne marche pas, je trouve le ressort détendu...

Ceci posé, et donc mis à part le sujet qui aimerait être sulfureux et qui me semble plutôt évaporé, voilà une bonne lecture pour vous détendre, si vous n'allez pas chercher midi à quatorze heures.


Editions J C Lattes (2004) - 574 pages.