szabo faonMS, qui vient de mourir en 2007, a laissé derrière elle une oeuvre que j'admire. Ce roman ne décevra pas.

MS s'est fait une spécialité des relations humaines difficiles, tendues, souvent basées sur la solitude de ses personnages. Ici, c'est Eszter, la solitaire, qui porte à la fois son talent (et son succès) d'actrice, mais aussi un amour tranchant et impitoyable qui véhicule sa difficulté de vivre et entretient son infranchissable distance aux autres, le thème récurrent de MS. Jalousie, certes, mais aussi refoulements d'enfance mal résolus qui trouvent un exutoire dans une rivale innocente, belle, mais simplette, et même dans l'objet de ce qu'elle pense être de l'amour et qu'elle ne sait pas exprimer.

Il fallait le talent de MS pour faire un roman attachant d'un tel contexte, presque sans intrigue.

D'autant plus que la forme de l'écriture est un peu celle d'un rêve éveillé, discursif, hoquetant, d'un monologue sautant d'un sujet à un autre, comme dans un rêve. Les retours en arrière sont fréquents, comme les changements instantanés de lieu ou d'interlocuteur, traduisant le désarroi de la pensée d'Eszter, mais nous laissant aussi un peu perdus, dans l'incertitude. N'est-ce pas, parfois, un peu trop ?

Un beau livre néanmoins, qui ne se donne pas, mais extrêmement riche.

A lire aussi de Magda Szabo : Rue KatalinLa Porte ou La ballade d'Iza

 

Editions Viviane Hamy (2008) - 236 pages