J'ai choisi de lire ce roman après la lecture de Hamnet, du même auteur et qui m'avait enchanté. Pour des raisons que j'ai du mal à identifier, je ne retrouve pas dans ce roman écrit 10 ans plus tôt cet enchantement, même si je ressens la même qualité d'écriture, le même soin à construire l'intrigue ou à caractériser les personnages. Le thème qui le sous-tend est celui du lien réciproque qui unit une mère et son enfant, traité ici avec autant d'intensité que de pudeur de l'expression et sans grandiloquence. Un beau roman, en dépit de ces quelques réserves.
L'auteur attache une valeur profonde et structurante à ce rapport, encore une fois réciproque, mère-enfant, qu'Hamnet reprendra à sa manière. Ce lien n'est jamais abordé comme un objet d'étude théorique, mais comme un moteur essentiel des pensées et des actes des personnages. Nous sommes conviés à partager, non par l'esprit, mais par nos sentiments, les émotions et les désirs que ce lien crée, qu'il s'épanouisse ou qu'il se brise. Le lecteur, par exemple, ne restera pas insensible au récit haletant de la fin du second chapitre avant la fin du roman, où tout ce qui remplit ce lien dans une vie explose sous notre regard avant de se sublimer. Les mots utilisés pour nous dire tout cela sont simples, universels et nous touchent.
Le récit lui-même nous entraîne, bénéficiant du talent incontestable de conteuse de M O'F, qui mélange avec habileté les époques de son roman. Seule la fin, que l'on peut cependant pressentir, nous sortira du petit labyrinthe qu'elle nous a construit, jouant sur une dualité qui se résout explicitement dans les dernières pages. Ce qui me frappe à la lecture est la vraisemblance qu'apporte le style détaillé des descriptions. Lorsqu'elle parle d'un lieu, elle précise les objets, les formes, les couleurs, les sons, les parfums, enfin tout ce qui en fait un lieu unique, dont nous ne pouvons pas douter un seul instant de la réalité. Le grand art du conteur !
Peut-être éprouvons-nous parfois l'impression d'une surabondance d'information qui ralentit le mouvement. Pour autant, cela est bien peu par rapport à la qualité de l'ensemble, qui reste celle d'un grand roman.
10 x 18 (2010), 408 pages