"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
Lire la suite... Douglas Kennedy, Toutes ces grandes questions
Douglas Kennedy est connu pour ses romans. Ici, il donne un reportage (terminé en 1989) sur les états du sud des USA, appelés globalement la "Bible Belt" ! On a souvent le sentiment de lire une fiction échevelée et un peu excessive par les scènes décrites. Et pourtant...
Comme toujours, ce qui nous frappe, c'est la différence. Elle est telle, ici, que notre première réaction devant ces tableaux de fanatisme sans complexe, est de craindre pour la santé mentale des fous de dieu que DK expose dans leur vie courante ou dans leurs lieux de culte. Il montre aussi le rôle déterminant de l'argent, que certains prédicateurs ont réuni par brassées, jusqu'à la nausée... et la prison.
Le protestantisme cherche à créer entre ses fidèles et leur dieu un lien personnel qui doit les rassurer sur leur salut, sans la médiation d'une église structurée. Ce lien est ici sensuel d'abord, peut-être par ce qui il est plus simple à établir. On chante, on crie, ou tape des pieds, on hurle ensemble des phrases simples (p. e. Jésus est là !) jusqu'à ce qu'une forme d'extase ait lieu, que l'on prend, sans vergogne, pour l'établissement du lien espéré. C'est une illumination, classique dans de nombreuses autres activités, dites spirituelles (chamanisme, certains bouddhisme, soufisme, etc.). Ici, celui qui l'atteint se dit né à nouveau (reborn) dans le Christ. Un célèbre exemple est celui de G.W. Bush. Grand bien leur fasse, mais leur prosélytisme rémunéré peut être dangereux et doit être contrôlé.
DGK termine son périple par une touchante note de compassion. Lui, qui désapprouve cette exaltation et ce prosélytisme, essaye de comprendre ce qui conduit ces hommes normaux à cette sorte de délire. Un besoin de solidarité au milieu du "champ de mines des relations humaines" ? sans doute, mais surtout l'espoir qu'existe quelque part un amour absolu, inconditionnel que la vie sur terre nous fait espérer en creux et ne donne que bien rarement.
On pourrait rêver d'un monde où ce cirque ne soit pas nécessaire....
Encore un DK ! Les vacances... Et celui-ci est assez original, un peu policier, un peu tranches de vie, un peu fantastique. Une agréable lecture en tout cas.
Comme toujours, c'est par les "tranches de vie", ici Paris vu par un Américain désargenté, que les livres de DK me séduisent le plus. Et ce serait encore meilleur s'il pouvait nous épargner certaines longueurs, un peu pesantes, dans les descriptions. J'aime aussi cette sensibilité au monde difficile de ces émigrés, ici Turcs, peu cultivés, mais devant survivre dans un monde dont ils ne connaissent pas les règles ni les lois, sauf certaines qui les touchent directement et dont ils comprennent fort mal les fondements. Petits boulots à la limite du légal, maintien de comportements issus d'autres cultures, intégration difficile, etc. Tout cela est rendu sensible par les événements décrits par DK et mérite d'être lu.
DK a également tenté, avec ce roman, d'introduire le fantastique dans le monde réel, terre-à-terre, où se débat le personnage principal. C'est à mes yeux un demi-échec. Son fantastique est dur, coupant, brutal. Il ne joue jamais l'équivoque qui embrouille si bien le lecteur, qu'il ne sait plus si la chose dite est vraie ou rêvée, réelle ou imaginée. Je pense, par exemple à Maupassant... Ici, on ne trouve qu'une superwoman, redresseuse de torts, violente et sanguinaire en guise de spectre "bienfaisant". Triste fantastique, à la mode hard rock, qui ne décolle pas.
A lire quand même pour s'évader.
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