"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
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J. C. Carrière a appris à connaître l'Inde et à l'aimer. Ce livre en est une évidence, qui nous propose de courts articles sur mille sujets de la vie matérielle aussi bien qu'humaine et spirituelle de l'Inde. Conçu un peu comme un carnet de voyage, chaque article est une invitation à la découverte bienveillante d'un pays qui touche et éveille l'intérêt, mais ne charme pas.
Il nous fait aussi cadeau de nombreux dessins qu'il a effectués au cours de ses voyages, comme ce 'clown de village', ce qui confère une touche chaleureuse et presque amicale à ce livre. Une phrase de la préface éclaire bien l'approche de l'auteur : "Si nous n'aimons pas les hommes, n'allons pas en Inde"...
C'est donc à une balade, proche des indiens vivants, que nous invite J. C. Carrière. Sa façon de comprendre ce pays ne passe pas que par l'analyse ; il nous aide au contraire à bâtir une approche plus intuitive en nous faisant sentir tout ce qui conditionne la vie dans ce pays : la misère, souvent vive, mais ressentie bien différemment de la nôtre, le passé qui se prolonge dans le présent sans rupture, le sens du sacré qui imprègne tout et en même temps des percées spectaculaires dans la modernité.
Et pour compléter ce tableau, ce n'est pas une civilisation qui nous attend, mais une invraisemblable diversité, ethnique, religieuse, bouleversée depuis que l'Inde existe par des conflits qui ont pris toutes les formes que l'homme, pourtant imaginatif dans ce domaine, a pu inventer. Qu'il reste encore de tout cela un état, plutôt stable et qui fonctionne, est aussi un mystère de ce grand pays.
JCC a raison : il faut d'abord aimer. Comprendre vient ensuite.
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Ce livre de 1300 pages (et pourtant très maniable) est une mine d'information sur l'Inde, son histoire, sa civilisation. Il touche aussi bien les sujets 'académiques' que les questions courantes de la vie indienne.
Que vous cherchiez une explication de l'origine des castes et leur fonction sociale, ou bien ce qu'est le Jaïnisme, vous trouverez. Mais vous pouvez aussi vous plonger dans les mystères de la culture du thé ou vous interroger sur le cinéma indien. La réponse est là.
Et si vous hésitez entre Kalbhrar et Kâlâpâhar pour le prénom de votre futur héritier, n'hésitez pas à ouvrir ce livre, il vous aidera à choisir.
Cette civilisation est complexe, et sans un tel guide il est à parier que bien des choses échappent à l'européen, même cultivé. Si vous aimez l'Inde ou souhaitez la découvrir, c'est un excellent compagnon.
p.s. : voir aussi le livre de L. Frédéric 'les dieux de bouddhisme'.
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Il ne s'agit pas du texte de cette épopée indienne, mais d'une adaptation très abrégée, destinée à un lecteur occidental pressé, du Ramayana sanskrit de Valmiki qui compte 24000 vers. Sa lecture en est facile, fidèle me semble-t-il et permet à un public large d'aborder en quelques heures ce monument fondateur de la littérature de l'Inde (avec le Mahabharata) sans en trahir l'esprit.
Le Ramayana aurait été écrit vers l'an 0 en reprenant d'anciennes légendes et récits historiques et n'a pas cessé depuis d'être réédité et modifié. C'est un aventure pleine de bruit, de fureur et d'amour qu'il est hors de question de résumer ici ; mais quelques précisions sont nécessaires pour qu'elle puisse être comprise au delà d'une belle histoire. Car c'est aussi un texte sacré de l'hindouisme (mais qu'est-ce qui n'est pas sacré en Inde ?), montrant comment dieux et hommes sont liés dans la grande loi du monde (le 'dharma) et comment l'homme idéal ici personnifié par Rama doit s'y conformer consciemment.
Dans la pensée de l'Inde, tout d'abord, les actes ont non seulement des conséquences physiques, mais ils entraînent pour celui qui qui en est l'auteur une responsabilité morale que rien ne peut défaire. Les conséquences des actes peuvent être bonnes ou mauvaises parfois même sans que l'auteur en soit conscient. C'est ce qu'on appelle le 'karma', somme de toutes ces charges morales, contrepartie de la liberté de l'homme.
Un autre point qui structure cette pensée est la foi en ce qu'on appelle la réincarnation, qui signifie que tout ce qui naît dans le monde doit assumer ce 'karma' qui conserve dans l'existence un lien individuel avec un être disparu. Et si le poids de ce 'karma' est négatif le nouvel arrivant dans le monde s'incarnera dans une espèce misérable, alors qu'au contraire un karma positif le rapproche d'un objectif de montée progressive dans l'échelle des êtres. Le bouddhisme radicalisera d'ailleurs cette position .
Comment faire, donc, pour améliorer son 'karma' ? C'est ce que nous montre Rama par ses actes d'homme parfait, courageux et compatissant et capable de tenir en respect le mal. Il sait qu'existe la loi du monde, le 'dharma', dans laquelle s'inscrit la loi du bien et celle du mal qui existent par leur opposition et leur lutte permanente. Mais, il disposait d'un avantage considérable, étant lui même un dieu fait homme, un 'avatar' de Vishnu, l'un trois dieux suprêmes de ce panthéon complexe !
La vie indienne et d'une partie de l'Asie est encore de nos jours très influencée par ce récit mythique qui continue à avoir sa place dans la vie quotidienne de ces pays où le sacré et le profane n'ont pas de frontière bien claire. A lire donc par tous ceux que ce monde intéresse !
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