"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
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Que ce livre fait plaisir ! Pas de ruse ni de détour pour exprimer dans une langue simple et directe qui n'est pas de bois, une vérité plutôt nue : notre monde (européen ?) est allé trop loin dans son souci égalitaire. Il convient maintenant de rendre son poids à l'autre pôle de l'équilibre, la liberté et la responsabilité indissociable qu'elle exige.
Lire la suite... Edouard Fillias et Sabine Hérold, LIBERTE, liberté chérie
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C'est la trame de ce récit qui se déroule dans les deux Allemagnes et dans la nouvelle entité réunifiée. Deux univers dignes d'amour-haine s'y sont fracassés. Le socialisme national d'abord, qui ne se réduit pas à l'antisémitisme comme on essaye souvent de le dire, mais qui tenta de fonder une société sans classe, utopie que tout le 19ème siècle avait préparée et rendue digne d'espoir et qui échoua dans l'horreur que l'on connaît. Le socialisme "scientifique" (ne riez pas..) ensuite, qui tenta la même chose avec d'autres moyens et échoua dans sa gabegie et ses crimes à son tour.
L'un et l'autre avaient besoin de faire "table rase", comme Mao ou Pol Pot ailleurs. Ils ont tous laissé derrière eux ce que GG montre magnifiquement, un vide culturel effroyable où s'engouffrent les idées simples, violentes qui comblent le vide. Et en guise de culture, ou plutôt comme substitut à celle-ci, flottent des restes indistincts de ces moments forts du passé récent. Tout le livre est rempli de ces actes nauséeux que ces grandes utopies ont rendues banals, parfois même justifiés par la grande cause, et qu'elles ont exporté à l'univers entier. Peut-on reprocher à ces parents déboussolés, comme le narrateur de n'avoir pas élevé son fils ? Peut-on aussi reprocher à la grand mère, forte en gueule, qui l'a élevé d'en avoir fait un monstre sans repère, elle qui n'en avait plus aucun ?
Mais surtout, quand cela cessera-t-il, se demande GG. Sa réponse, entre les lignes, est terrible : sans doute jamais. Ce qui est détruit l'est pour toujours. Comme le disait Sir Thomas Gresham, la mauvaise monnaie chasse la bonne. L'Allemagne est au coeur de cette épreuve et GG le ressent comme une blessure profonde. Pessimisme ou réalisme ? GG a peut être trop tendance à intellectualiser les réactions des hommes..
J'allais en rester là sans dire un mot sur le crabe. Le récit lui emprunte sa démarche latérale. Ca aide à rester éveillé, car on peut s'y perdre. Amusant sans plus. N'hésitez pas à casser la carapace. C'est bon seulement à l'intérieur.
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JCR nous prévient qu'il n'a pas voulu écrire un roman historique, mais un roman d'aventures. C'est en effet le cas. Avec légèreté et humour l'auteur nous entraîne dans une tourmente dont la toile de fond est la fin de la Perse au 18éme siècle, conquise par ... qui en voulait.
Car cette Perse, si riche, si heureuse avait suivi le sort de ceux qui oublient la fragilité de leurs acquis ou de leur droits ; elle était faible, jouisseuse, cruelle et terriblement intelligente. Mais elle ne savait plus se défendre et ses élites, ses clercs, l'avaient trahie. Le peuple (est-ce historique ?) essaiera dans un dernier sursaut de sauver ce qui peut l'être, en vain. Eternelle roue du pouvoir qui oublie ses devoirs et préfère l'apocalypse joyeuse à la réalité.
Tout cela pourrait faire craindre un livre austère. Il n'en est rien et chaque moment de ce long roman appelle le suivant. Personnages bien campés et souvent attachants, remarques en passant de bonne venue, c'est une littérature directe, agréable et bien équilibrée. On se sent parfois un peu près de la facilité, mais le talent est justement de ne pas s'y enliser.
Voilà l'hiver. Un bon feu, un thé (n. b. je le préfère vert de chine) et une perspective de quelques heures de détente agréable est à votre portée.
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