"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
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Couverture en Noir-Blanc-Rouge : inquiétant symbole qui ne manque pas d'évoquer le risque que court un pouvoir qui ne fait pas son travail , donne "du temps au temps", même lorsqu'il a en main tous les atouts pour réussir une réforme que le peuple, par les élections du 21 avril 2002, lui a intimé l'ordre d'entreprendre.
C'est bien là la thèse de ce remarquable livre : Le 21 avril 2002, les français ont rejeté l'immobilisme destructeur de 20 ans dits "socialistes", où aucun des grands périls accumulés n'a été sérieusement abordé : éducation, santé et risque maladie, retraites,sécurité, défense, politique extérieure, justice entre autres.
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Si, d'ailleurs, la lecture de ce livre devait se faire comme celle d'un roman classique, il faudrait une très grande indulgence pour y voir une aventure plausible. Rien dans cet amour fou n'est humain, à la fois démesuré mais passif, précaire mais infrangible. Un amour rêvé ou au moins porté par le rêve de l'un et l'autre des amants. Un amour qui justement excède les capacités et les sens de l'homme et qui ainsi conduit à l'au delà, au grand tout ou plus rien ne se distingue d'autre chose.
On peut d'ailleurs, sans forcer le trait, voir dans la femme qu'aime Dao-Sheng une incarnation de Guanyin, le dieu de la compassion l'Avalokiteshvara du bouddhisme du Grand Véhicule. Elle n'est même que cela dans le roman, compassion et détachement, ce très étonnant mélange qui caractérise le bouddhisme et symbolise au fond assez bien la marche réelle du monde. Solidarité de tous les êtres, qui peut le nier, mais en même temps indifférence de cette marche du monde à leur sort..
D'une manière assez intéressante on assiste aussi au rapprochement de deux civilisations à travers la rencontre de Dao-Sheng et des jésuites évangélisateurs. Même si les voies sont distinctes on sent le désir de l'auteur de fusionner les fins. N'est-ce pas aussi le chemin de F. Cheng, aujourd'hui académicien, qui a si magnifiquement épousé notre culture sans oublier la sienne ? On lira par exemple son superbe livre "le Dit de Tianyi".
Rendons aussi justice à la poésie incomparable de ce récit dont les scènes, qui se déroulent à la fin de l'ère Ming (XVII ème siècle), font souvent penser au vide et au plein des peintures Song, chefs-d'oeuvre de l'art du non dit chinois. Poésie qui à elle seule justifierait déjà la lecture de ce livre brillant et sensible.
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Car cette ville a reçu du cinquième dalaï-lama son statut de capitale au 17 ème siècle seulement, bien qu'ayant été de tout temps une ville sainte de pèlerinage. Mais son prestige de capitale, symbolisé par son palais, le "Potala", date seulement de la réunification par la force du Tibet par le cinquième dalaï-lama, chef d'état et homme d'exception.
Ce livre est aussi l'occasion de réfléchir au destin de ce pays et à ses choix. A-t-il gagné ou perdu en devenant avec le "grand cinquième" un état théocratique ? Perdu me semble-t-il en s'enfermant dans le dogme et l'immobilisme et et ratant toutes les transformations du monde autour de lui : celle d'abord du savoir objectif, celle ensuite de la société d'égalité et de compétition, celle enfin de l'ouverture à d'autres vérités. Chine, Japon, et tant d'autres en Asie on accepté ce challenge long et douloureux. Ils existent encore.
A-t-il gagné ou perdu en devenant le protégé des mongols ? Perdu aussi, je pense, car lorsque les mongols ont trouvé plus utile d'employer leur puissance ailleurs, ils l'ont fait. Et un jour, ils l'ont perdue. On peut toujours évoquer le concept fort intellectuel de relation "Lama-Donateur", il ne s'agit à mes yeux de rien d'autre qu'une relation de dépendance militaire, qui ne permettait pas au Tibet de mener une politique internationale libre. La subtilité du jeu diplomatique entre Tibet, Mongolie et Chine a assuré une illusion d'indépendance au Tibet qui n'a pas tenu bien longtemps, devenu depuis une colonie chinoise. L'Europe, qui vit sous une relation du même type avec les Etat-Unis, devrait tirer la leçon. Ici, comme au Tibet d'alors, la paresse conseillera toujours de ne pas faire l'effort de sa protection et de son indépendance quand un si gentil "donateur" le fait à votre place..
Ce livre est passionnant, car le Tibet possède la dimension du rêve incarné. Et les auteurs qui contribuent à cette somme sont des spécialistes qui nous font partager leur savoir avec intelligence. Le Tibet vous intéresse ?
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