"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
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Il sera difficile de dire assez de bien de ce livre !
F. Ch. est chinois d'origine, poète et écrivain, passionné de peinture classique à l'encre (cf. "Vide et plein"), d'une grande sensibilité, qui vit en France et vient d'entrer à l'Académie française. Tout cela forme un mélange puissant, que le tempérament de F. Ch. rend inimitable et extrêmement original.
Tianyi est un autre soi dont l'auteur conduit le destin dans la Chine bouleversée des années 30 à 68. Tous les drames de ce pays martyrisé forment le fonds de cruauté et d'absurdité où le peintre Tianyi essaie de vivre, de découvrir et de conserver son identité, dans une sorte de long et douloureux voyage initiatique. Il connaîtra les japonais inhumains, la guerre civile, les folies et les crimes de Mao. Sa raison vacillera avant sa vie. Il verra autour de lui ceux qu'il aime disparaître dans un tourbillon que rien ne semble pouvoir entraver. Au milieu du roman, une pause à Paris, et un amour qu'il sacrifiera à un désir plus haut et idéalisé. Petite contribution platonicienne à l'absurdité ambiante qui, dans sa quête du sens de l'existence, lui fait échanger une réalité simple pour une chimère...
Et pourtant la lecture du livre apporte un réconfort, une sensation de toucher directement ce qui ne s'exprime pas bien mais qui émeut. Art de la peinture ou de la musique des mots ? Évocation réussie du rapport intime de soi et de la nature qui ne sont en fin de compte qu'une seule entité ? Quel régal que ces ruisseaux scintillants d'images de brumes et d'ombres que Tianyi nous offre ! Peut-être l'auteur a-t-il réussi à combiner, pour nous les rendre proches, les différentes cultures qui l'ont façonné, car aussi "chinois" que soit ce roman, rien ne nous en paraît étranger, tout nous touche. Ou plutôt n'a-t-il pas fait de cette Chine, qu'il aime et idéalise en dépit de ses erreurs cruelles, l'idée au sens de Platon de la cité des hommes ?
Un des plus beaux livres que j'ai lus, en tous cas !
Éditions Albin Michel 1998
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Pour aller vite à l'essentiel, il me semble que la lecture de ce livre devrait être rendue obligatoire dans les chaumières, car il nous donne quelques clés inédites de de la stratégie politique des forces en présence sur l'échiquier mondial. La presse accumule des faits que nous recevons sans grille d'interprétation, et, avouons-le, sans grande culture stratégique du monde, particulièrement de l'Islam et du Moyen-Orient. AA tente ici de nous apporter quelques bases d'interprétation des événements du monde actuel, avec son talent, sa mémoire époustouflante et sa grande connaissance de l'histoire. Ainsi, peu à peu les faits se relient, parfois s'expliquent. Que cela ne suffise pas à prévoir l'avenir est une évidence, si tant est que prévoir, ici, a un sens autre que prendre ses rêves pour la réalité. Et combien différents et conflictuels sont nos rêves...
Lire la suite... Alexandre Adler, J'ai vu finir le monde ancien
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Il s'agit ici d'une intrigue policière qui concerne les sombres secrets d'une famille industrielle suisse opulente. Soit. Mais ce qui fait l'intérêt du livre est que le personnage principal va vivre cette affaire progressivement envahi par la maladie d'Alzheimer dont on peut presque dire qu'elle est elle-même le héros négatif (et pourtant positif en partie) de cette histoire. L'auteur s'est fait aider par des médecins et sa description d'une vie que cette maladie terrible vient détruire est passionnante. En ce qui me concerne, ce roman m'a aidé à comprendre ce que Alzheimer signifie dans la quotidienneté d'une existence humaine. N'est-ce pas utile ?
A cet intérêt très particulier s'ajoute le fait que ce roman est bien écrit, l'intrigue bien menée et qu'il se lit avec l'envie d'aller toujours plus avant. Jamais le fait qu'il traite d'une maladie ne le rend apitoyé ou voyeur. La distance est respectée avec discernement, sans phrases doctorales ni expressions barbares. Le ton est juste, immédiat ; les mots sont simples et directs.
A lire.
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