"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
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La Pleiade a sorti en 2 tomes les "Journaux de guerre" d'EJ. Le tome 2, présenté ici, est la chronique de la guerre 39-45 par un homme aux caractéristiques très particulières : allemand, militaire, philosophe et écrivain, entomologiste, etc. Mais surtout ennemi de l'étalage des sentiments à un point qui peut choquer, aristocrate de la pensée, fuyant les systèmes philosophiques et politiques, car conscient des limites de la raison face au tout qu'il juge inexplicable par cette voie seule : "Le vrai et le juste au sens le plus élevé ne sauraient être démontrables", écrit-il. Il lui reste alors le bien le plus cher et irremplaçable à ses yeux, la liberté, sa liberté.
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Ce livre est celui d'un lettré âgé, d'une ouverture extrême à ce qui donne sens à la vie. Toute ambition, tout espoir se sont retirés, laissant place à un simple désir de vivre et de profiter de ses sens et de son esprit.
On pourrait parfois, bien à tort, penser à Montaigne. Montaigne était jeune et cherchait à construire concrètement, par l'expérience, les règles de la bonne vie.
EJ est tout, sauf un spéculateur. Il puise dans sa profonde culture et dans le monde qui l'entoure les aliments de sa vie, pierre par pierre, scarabée par scarabée, référence par référence. Il ne cherche pas à accroître son savoir ou son expérience, mais à en user, à expérimenter par l'idée, le mot, tous les liens qui unissent un monde unique dont il est un élément.
Solitaire, ce contemplateur ? Oui, et combien et sans espoir de trouver une autre voix capable de tisser une polyphonie, une fugue, avec la sienne. Son érudition est trop personnelle pour qu'il puisse, jusqu'au bout, partager ce qu'il ressent, ce qui a, pour lui, sens et valeur. Faut-il ajouter que cette solitude ne semble pas lui peser.
Alors, ce qui nous reste à faire, c'est de l'accompagner, et contempler avec lui les perspectives qu'il ouvre. Elles sont nombreuses et certaines resteront toujours fermées. Les références manquent peut-être chez le lecteur moyen que je suis. Le langage d'EJ est parfois symbolique, obscur et sa logique difficile à suivre.
Ce livre reste néanmoins un régal pour qui préfère aux solutions triviales un bon exposé des problèmes. Comme le dit EJ. : "Quand nous nous ouvrons, le monde s'ouvre". C'est déjà beaucoup... et tellement vrai !
Une contemplation à partager.
Grasset (1975) - 395 pages