"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
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L'intrigue, elle, est mince. C'est le détail qui arrête, la description pleine de finesse des êtres et des situations qui séduit. Il faut communier avec cette vision sensible de l'auteur pour trouver matière à son plaisir. J'avoue avoir eu parfois du mal à poursuivre..
Un exemple de ces réflexions qui arrêtent le lecteur attentif : " Je suis un être que tout ce qu'il a vécu hante" (p.281) nous avoue l'auteur. Il est vrai que cette infirmité obsédante détruit tout, l'amour, l'amitié ou même le sens de sa propre vie. Car sans l'oubli de ses haines, de ses peurs ou de ses désirs c'est en effet un enfer qui s'ouvre, sans pardon, sans distance, sans répit. Le roman reflète bien cela en toile de fond.
Citons aussi la relation du narrateur avec une vieille dame originale, aux traits un peu forcés, mais attachante. Une vraie amitié pétrie de respect mais aussi de cette attente fine de l'autre.
Un livre qui ressemble souvent à une oeuvre musicale, une polyphonie littéraire, en sorte, pour amateurs éclairés.
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Pour que l'ombre se crée, il faut un objet et une lumière qui l'éclaire ; pour qu'elle existe, un esprit humain doit l'observer et l'identifier pour ce qu'elle est, une ombre, une Ombre.
Mais elle est aussi un espace entre l'objet et l'écran (le sol, un mur...) où elle se projette. C'est dans cet espace bref, circonscrit que se tient tout ce livre au style poétique mais souvent ombré, presqu'abstrus.
Mais, dans ce petit espace furtif, se rencontrent les mots qui pèsent, les sons dignes de la Musique, le Jadis qui engendre le temps qui passe, l'animal enfoui en tout être humain, le désir, les rêves.
Les mots blottis dans l'ombre ont seuls une part de réalité. Ceux que le soleil inonde sont durs, secs, coupants, abstraits, comme ne l'est pas la vie ; ils mentent.
Ce livre est donc le combat d'un écrivain, d'un poète, contre les mots qui le servent mais dont il sait qu'ils trahissent souvent sa raison. Il leur accorde encore une chance, devenir la musique de l'ombre. Car, sinon, le risque est grand de devenir comme ceux qui "avaient cessé d'apercevoir la beauté ; l'intelligibilité se retira d'eux".
A lire par ceux qui pensent que toute la saveur des choses ne tient pas seulement dans leur vérité nue, mais aussi dans l'ombre du puits dont elle émerge.
Relisez à cette occasion le magnifique roman de Junichirô Tanizaki "L'éloge de l'ombre".
Éditions Grasset 2002
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Un très beau livre (écrit en 2000), comme P. Q. sait les mitonner.
Il faut aimer ses petites phrases brèves, ses images, ses références culturelles. Alors on le lit comme une gourmandise des sens. On s'attarde ou on passe mais le goût reste fort.
L'histoire est ici celle d'un graveur de talent, au début du 17ème siècle, blessé qui parcourt une partie de l'Europe. Ce long voyage est bien sûr la recherche de lui-même, qu'il trouve dans l'amour, le visage des autres, ou les paysages qu'il grave si bien.
Un très beau moment de lecture.
Éditions folio (2001)
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