"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
"L'obstination et l'ardeur des opinions sont la preuve la plus sûre de la bêtise" Montaigne, III,8
AL a essayé de rendre intelligible le conflit macédonien, tel qu'il pouvait se comprendre en 1931. Mais au delà de cette histoire immédiate il montre l'impasse dans laquelle se trouvent les gouvernements faibles qui tolèrent (ou ne peuvent éviter !) les groupes armés sur leur territoire, sortes d'état dans l'état, quelque fondée que puisse avoir été leur cause, à l'origine.
Voici un court récit, écrit en 1931, dans le style inimitable de légereté, incisif et plein d'humour d'AL (1884 - 1932). C'est celui d'un voyage dans un pays alors fermé (les côtes de l'Arabie et la corne de l'Afrique). Pourquoi ?
En 1922 Albert Londres (1884 - 1932) écrit, suite à un reportage en Asie, ce court livre sur le Japon, le Viêt-nam et l'Inde. Ce livre mérite encore la lecture, et ce pour deux raisons principales.
D'abord il est remarquablement écrit, avec ce qu'il faut d'humour et de détachement, mais aussi d'observations intelligentes, pratiques, directes et qui révèlent l'incroyable talent d'observateur d'AL. Sa lecture est un plaisir sans tache.
Ensuite, il reste d'une très grande actualité pour ceux que l'Asie concerne.
Son court exposé de la civilisation japonaise, par exemple, est un chef d'oeuvre qui en dit plus long et surtout plus large que les innombrables traités ethno-philosophiques dont nous sommes régalés de nos jours. Je me souviens de la révélation qu'avait été pour moi le livre "Chrysanthemum and the Sword" de Ruth Benedict écrit en 1946. Et bien, AL, en 1922, avait déjà tout dit ou presque dans ce livre. Ce qui frappe chez lui, c'est cette capacité à nous faire vivre ses observations qui ne sont jamais des concepts ethnologiques déshumanisés. Ses japonais restent des hommes, non des objets, un peu différents de nous, mais avec qui il faut d'abord aller boire un verre, bavarder et rire. Des hommes, quoi...
Les même remarques valent pour sa vision de l'Inde partagée entre l'idéalisme suicidaire mais populaire (populiste ?) de Gandhi et le pragmatisme efficace de ceux qui feront l'Inde moderne. Et cela en 1922 !
Un beau moment est l'interrogation que fait AL sur la colonisation française au Viêt-nam. Déjà en 1922 les signes d'un désir d'identité sont évidents, ce qui n'entraînait pas alors un rejet formel des français. Que de chances gâchées !
Un livre intelligent et agréable à lire. Rare !
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