"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
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Cette situation nous est encore familière. Les "Comitadjis" pullulent de nos jours, en Irak, au Liban, en Palestine, en Corse, au Pays Basque, etc. Tout le vingtième siècle aura été l'art d'en fabriquer, au-delà des générations spontanées : USA en Afghanistan, URSS en Afrique et au Moyen-Orient pour ne citer que quelques exemples. Les "justes causes" ne manquent pas et les moins justes savent se déguiser. Les armes circulent à bas prix (15 euros la kalachnikov au Yémen en ce moment ... ) et donnent gloire et pouvoir. Que ces mouvements se transforment peu à peu en mafias autogérées est une évidence aussi, qu'AL nous donne à voir avec sa verve habituelle.
Quant à trouver des issues honorables à de si justes causes, seuls le temps, la fatigue, l'usure, l'évidence de l'abâtardissement des mouvements, y contribuent. Les prévoir est impossible et AL conclut son livre sur cette terrible question : " la destination de l'homme est-elle d'être sage ?". J'ajouterais aussi que ceux qui détiennent ainsi un morceau de pouvoir et de ses bénéfices sont beaucoup mieux considérés, puisque craints, que si la paix se faisait. A dire vrai, et en dépit des rodomontades, ceux qui pourraient faire la paix n'y ont pas intérêt et beaucoup bénéficient des sous-produits de l'insurrection.
Ce livre, en dépit de son sujet austère, se lit avec un grand plaisir, comme tous ceux d'AL. Un style imagé, souvent persifleur, un détachement constant et une attention critique en éveil permanent, la recette est là. Un très bon moment.
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AL est journaliste et conscient du rôle qu'il peut et doit jouer. Il l’a raconté dans son reportage "Terre d’ébène". "Notre métier, se plaisait -il à dire, n’est ni de faire plaisir, ni de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie."». Sans être un moraliste, il montre, il dit et il fait réflechir.
Ici le sujet principal est celui du titre : les conditions de vie terribles des pêcheurs de perles des côtes arabiques : même s'ils meurent à moins de 40 ans, sourds, aveugles et phtisiques, AL dit aussi qu'ils sont à leur façon heureux d'un sort qui leur offre un prodigieux rêve de fortune, même si ce sont toujours de nouvelles dettes qui les attendent.
AL en profite aussi pour nous faire vivre avec lui l'aventure que représentait son voyage dans ces pays tribaux et très partiellement colonisés. Difficile !
Un bon moment à passer avec quelqu'un de bien et qui sait écrire.
P. S : Plusieurs livres d'Albert Londres ont fait l'objet de fiches :
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En 1922 Albert Londres (1884 - 1932) écrit, suite à un reportage en Asie, ce court livre sur le Japon, le Viêt-nam et l'Inde. Ce livre mérite encore la lecture, et ce pour deux raisons principales.
D'abord il est remarquablement écrit, avec ce qu'il faut d'humour et de détachement, mais aussi d'observations intelligentes, pratiques, directes et qui révèlent l'incroyable talent d'observateur d'AL. Sa lecture est un plaisir sans tache.
Ensuite, il reste d'une très grande actualité pour ceux que l'Asie concerne.
Son court exposé de la civilisation japonaise, par exemple, est un chef d'oeuvre qui en dit plus long et surtout plus large que les innombrables traités ethno-philosophiques dont nous sommes régalés de nos jours. Je me souviens de la révélation qu'avait été pour moi le livre "Chrysanthemum and the Sword" de Ruth Benedict écrit en 1946. Et bien, AL, en 1922, avait déjà tout dit ou presque dans ce livre. Ce qui frappe chez lui, c'est cette capacité à nous faire vivre ses observations qui ne sont jamais des concepts ethnologiques déshumanisés. Ses japonais restent des hommes, non des objets, un peu différents de nous, mais avec qui il faut d'abord aller boire un verre, bavarder et rire. Des hommes, quoi...
Les même remarques valent pour sa vision de l'Inde partagée entre l'idéalisme suicidaire mais populaire (populiste ?) de Gandhi et le pragmatisme efficace de ceux qui feront l'Inde moderne. Et cela en 1922 !
Un beau moment est l'interrogation que fait AL sur la colonisation française au Viêt-nam. Déjà en 1922 les signes d'un désir d'identité sont évidents, ce qui n'entraînait pas alors un rejet formel des français. Que de chances gâchées !
Un livre intelligent et agréable à lire. Rare !
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