"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
La vie de l'auteur (1948-2022) a connu de tels écarts, qu'il a pu à la fois traverser l'enfer où il a parfois vécu comme un "prince" et le paradis pour former son jugement sur cette vie effrénée. Ce roman, formé de scènes fortes, partiellement autobiographiques et propres aux vies déréglées de jeunes individus nageant dans une richesse sans limite comme les traders des années 1980, est caviardé de réflexions sur les antidotes éventuels à l'hubris que cette situation outrée provoque, mais débouche sur un pessimisme profond. Sommes-nous concernés ? Non, à priori. Et pourtant...
Ce roman est (presque) celui des "gens qui ne faisaient le choix de la vie contre la mort que lorsqu'il était trop tard pour faire la différence entre les deux, d'êtres dont la bonté était oubliée...", comme le dit l'auteur, qui sait pour l'avoir vécu, ce dont il parle. Le livre éblouit par la cruauté des sentiments qui s'y expriment, par l'anomie morale qui règne sur certains êtres (fruit de 1968 ?), par la mise en évidence de l'insuffisance des désirs, même assouvis, pour conduire un destin. Il fera pourtant le choix de la vie, quand elle vacille encore. Un livre magistral, superbement écrit et traduit.
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