"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
Il y a plusieurs façons de lire ce beau roman, mais on ne peut que tomber sous le charme de sa sincérité pour nous faire partager les questions fortes qui ont traversé ce grand écrivain à la suite de la tentative d'assassinat dont il fut victime en 2022 à Chautauqua, aux USA. L'auteur nous touche quand sa vie vacille sous le coup d'une quinzaine de coups de couteau assénés par un musulman extrémiste et qu'il laisse percer son désir de vivre et d'aimer malgré tout. Mais, peut-être, ce roman est-il justement une histoire d'amour ?
Ce livre réunit des articles de SR parus entre 1980 et 1990 dans la presse anglaise et aux sujets divers, mais incontestablement orienté et liés par l'origine indienne de l'auteur aujourd'hui citoyen britannique. Ils ont, pour l'ensemble gardé leur pertinence et leur intérêt, ce qui à notre époque n'est pas un mince compliment.
Au fond, et à la différence de Naipaul, c'est moins l'Inde qui intéresse SR que son propre statut d'expatrié qui lui confère du recul par rapport à son ancien pays et le plonge dans le monde imparfait de l'émigration, où il ne sera jamais un écrivain britannique, mais un écrivain "de langue anglaise", ou pire, "du Commonwealth".
N'étant plus indien, pas tout à fait britannique, il devient un homme du monde, sensible à toutes les causes qu'il estime justes. Il nous parle ainsi à sa manière de la Palestine pour laquelle il exprime sa souffrance.
Particulièrement intéressant est son rapport à l'Islam, sa religion de naissance dont il s'est écarté, mais qu'il connaît bien. Ses articles sur le scandale des "versets sataniques" le prouvent. Son analyse des régimes politiques du Pakistan sont également passionnants.
Il passe aussi en revue des hommes, écrivains, artistes, hommes politiques ; revue pimentée, originale et souvent savoureuse.
Un livre touche à tout mais recommandable à ceux qui acceptent de ne pas espérer qu'il n'y a qu'une bonne façon de voir le monde...
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