"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
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Si nous avons quelques doutes, nous humains, sur les dieux, apprenez qu'eux aussi en ont sur nous. Alors, trois dieux optimistes descendent sur terre pour se convaincre qu'il est possible d'y trouver une bonne âme. Leur résultat ne sera sans doute pas à la hauteur de leur espoir. Quant à eux, blessés, sales et épuisés, ils retourneront d'où ils viennent (d'où, d'ailleurs ?) et peut-être auront-ils compris qu'ils sont devenus inutiles, la rédemption par la pauvreté et la faiblesse appartenant à un monde révolu.
Bien me direz-vous, mais où donc se situe l'espoir alors ? BB ne nous livre pas la solution (il ne l'a pas plus que nous) mais nous incite à suivre avec lui l'aventure exemplaire de Mademoiselle 'Chen Té', sorte de de Janus femelle, qui unit une excessive compassion et une sévère rigueur capable de la faire triompher de la veulerie humaine. Mélange improbable sans doute dans la forme coupante qui est proposée mais message précis sur la complexité du monde sans dieux où l'homme doit trouver son chemin avec ses seules forces. Monde plus dur, sans doute, plus exigeant qui, comme la solution de cette pièce de théâtre, reste à construire.
Sans oublier que ce texte, publié en 1941, porte en lui la marque vive des convulsions de l'époque.
Il se lit encore avec grand intérêt.
P. S. : La pièce a été montée au théâtre par Irina Brook. Dérision, populisme, superficiel. Nul et braillard. Ce qui fait l'originalité de ce texte est noyé par une agitation brownienne des acteurs, qui font les clowns (tristes) au milieu d'un tas d'ordures. La petite Bohringer, sympathique dans le rôle de Chen Te, s'écroule dans celui de Chui-Ta. Les autres.. Pauvre théâtre..
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Le contenu des trois contes est assez classique : destins fragiles, soumis aux caprices d'une nature qui, à cette époque ne bénéficiait pas des préjugés favorables actuels et dont la dureté pouvait être impitoyable pour les faibles. Un ennemie ? Non, mais un compagnon souverain de nos vies qui nous invite à une modestie active. Je ne peux d'ailleurs m'empêcher de sourire au passage devant l'arrogance naïve mais orgueilleuse de ceux qui pensent que l'homme par ses oeuvres de pollution est en train de faire changer les climats ! Faites-moi penser à en parler aux dinosaures..
Deux points me frappent tout d'abord dans ces contes. C'est d'une part cette capacité de l'homme à accepter (je ne dirais pas comprendre) cette nature à la fois souriante, maternelle, mais aussi cruelle et violente qui est son sort inéluctable. Mais c'est aussi la capacité de ce même homme à retrouver par son courage et son travail une dignité que les brutalités furieuses de cette nature ont failli souvent lui faire perdre. Une manière de stoïcisme auquel je suis assez sensible : fais ce que tu dois et apprends à accepter avec grâce ce qui ne relève ni de ta volonté ni de ta capacité. Grand message d'espoir !
Un autre aspect de ce livre est fort attachant : la relation affective et éducative des enfants et de leurs grand-parents. C'est à travers ces derniers que passe, dans ce livre, une éducation concrète à la vie.
Mais surtout, ce qui retient l'attention du lecteur patient est la description incroyablement riche des paysages de montagne et de leur environnement changeant. On comprend que AS était aussi un peintre de paysages !
Un livre original.
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De quoi s'agit-il ? Pour faire court disons que ce livre peut être considéré comme un rapport sur la virginité des chinoises et son usage social. Car, pour Muo, intermédiaire intermittent en virginité négociable, se pose sans fin la question fondamentale suivante : consommer ou échanger ? Rude épreuve.
De plus notre héros souffre de deux handicaps à la prise de décision : il est féru de psychanalyse française et vierge lui même. A sa place qu'auriez-vous fait ? Bon, allez, ne répondez pas, vous n'en savez d'ailleurs rien et vous n'êtes pas à sa place. Il n'empêche que la petite embaumeuse... J'arrête.
Le vrai charme de tout cela vient plutôt de la plongée que DS nous fait faire dans la Chine actuelle, dans son quotidien terre à terre et souvent peu ragoûtant. Il montre, entre autre, de manière saisissante cette peur diffuse mais prégnante de "big brother" qui enveloppe tous les actes des chinois et les rend si subtils pour se ménager un échappatoire en toute circonstance. Et l'emballage de la prose de DS, souvent époustouflante et parfois même surréaliste, est un chef d'oeuvre. Essayez de ne pas vous y perdre..
Un regret quand même. Bien sûr, un roman est un roman. Mais son excès de cynisme ne favorise pas la sympathie pour l'auteur ; il sait aussi bien que vous ou moi que le monde a de multiples faces et devrait ici ou là laisser un peu d'air entrer.
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