"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
"L'obstination et l'ardeur des opinions sont la preuve la plus sûre de la bêtise" Montaigne, III,8
Vous le saviez sans doute déjà, ou vous vous en doutiez, les belles femmes sont terriblement dangereuses. D'ailleurs, vous qui n'aimez pas le risque, je comprends mieux votre choix ... Mais au fait, est-ce qu'on ne vous a pas choisi pour des raisons voisines ? Bon, à suivre.
L'affaire est un peu complexe et il fallait le nez (et la chance) de Sebastien pour débroussailler ce sac de noeuds. Encore que son nez, en face d'une belle carrosserie, il a tendance à le perdre. C'est comme ça que la nature nous a faits pour faciliter la sauvegarde de l'espèce par la reproduction. Tant que ça fonctionne, il y a de l'espoir ; et il lui en fallait à Sebastien pour ne pas décrocher de sa fichue mission.
Une vieille règle, parfois oubliée, est qu'un livre est fait pour être lu. MR s'en souvient et son roman coule comme une gorgée de miel. Une intrigue policière, tissée de vengeances, de tensions familiales et de goût de l'argent, nous accroche autant que les décolletés profonds de Madame la Comtesse. Alors, laissons-nous prendre ; nous ne serons pas déçus !
Le matou MR (ou RM ?) a encore sorti ses griffes ! Il nous donne là un agréable roman, pure fiction, où les divers coups de patte trahissent une certaine expérience personnelle des sujets traités : monde de l'édition, univers juridique, etc..
Petit bonus pour les vieux cochons, qui, comme chacun sait, sommeillent en nous : le roman a pris quelques degrés de chaleur ; et comme toujours chez MR ce sont les femmes qui en général passent à l'attaque. Amusant, et au fond normal. Vieille pulsion de la recherche du mâle.. pour entretenir l'espèce au moins en principe.
Les deux héros sont plutôt bien campés : un vieux juriste sympathique, revenu de tout, dont la caractéristique essentielle me semble être l'absence, le refus, d'horizon. Jouir, encore un peu, sans casser la baraque. Une espèce de nihiliste repus et joueur, mais généreux. L'autre une jeune godelureau maladroit sait qu'il veut quelque chose mais a bien du mal à savoir quoi, ni comment y parvenir, à plus forte raison. Un personnage sans grand caractère qui, à l'évidence, n'a pas les faveurs de l'auteur.
Les deux êtres, réunis malgré leurs différences par une amusante aventure, collaborent un peu et parviennent à un fort improbable succès. Mais surtout, ils causent, oh surprise, de métaphysique. Discussion difficile car ni l'un ni l'autre n'a de vision du long terme, l'un parce qu'il ne veut pas, l'autre parce qu'il ne peut pas. Alors dieu, là dedans devient de la philosophie sans réelle conviction. Ce qui n'est pas inintéressant, loin de là..
Mais le vrai charme de ce livre vient de son intrigue bien menée, de son caractère simple, direct et de son humour parfois un peu cynique. Un style d'ailleurs souvent plus proche du parlé que de l'écrit chiadé.
Une bonne lecture agréable.
n. b. : Vous souvenez-vous de Orage sur la Calonne de Un château en Sologne de Le TOP 100 des politiques ? Non ? Allez, au travail !
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