"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
Voici un livre de science-fiction (2084, un clin d'oeil) qui aborde un thème politique important : avons-nous échangé notre liberté contre une douce soumission au confort de l'assistance ? Dit autrement, la social-démocratie, pour pouvoir fonctionner, fait-elle de nous des veaux ? Encore qu'un esprit frondeur peut retourner la question : si nous sommes des veaux, peut-on espérer mieux que la social-démocratie ? Bien entendu, le roman ne répond pas à la question qui n'a sans doute pas de réponse. Sinon, ça se saurait ?
(L'amie prodigieuse II)
Même si nous avons là un très beau roman, le charme exceptionnel du premier tome de cette saga, dont c'est le tome 2, n'est plus tout à fait là. Ce qui était surprise, découverte devient un peu répétition dans la forme. Et pourtant ce long livre nous tient, avec son récit d'une ascension sociale par l'éducation d'une des deux amies, Elena. Mais cette victoire sur elle-même et sur ses origines ne sera pas sans conséquence. Une distance s'installe dans son univers affectif et elle ne peut s'éviter un jugement sur les comportements de sa famille et de ses amis. En contrepoint, Elena aura autant de mal à se sentir chez elle dans le monde où son intelligence et son travail la propulsent, monde très éloigné de celui de son enfance. Difficile solitude, que ce livre nous fait remarquablement partager. Sans oublier la peinture d'une âme déchirée, Lila, digne des grands maîtres.
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