"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
Bref roman d'un homme sensible au drame de la déroute des valeurs humaines provoquée par la montée du totalitarisme/fascisme en 1938 en Allemagne.
Pourquoi déroute ? Parce que pour être "de son temps", il suffit de se laisser fasciner par l'espoir d'un monde plus simple, idéal, apparemment généreux, aux valeurs accessibles à tous qui est proposé par cette nouvelle idéologie. Et quelle fascination pour ces jeunes allemands abandonnés par leur société, sans travail, sans place dans le monde, lorsqu'on leur promet un rôle, une dignité ! Et que crèvent ceux (peu nombreux) qui défendent encore les "vieilles" valeurs.
Mais peu à peu la réalité reprend ses droits : ces valeurs simples qu'adopte le héros sont en fait la haine, l'intolérance et la violence ; ce monde victorieux qu'ils va bâtir est un échec économique où la misère s'aggrave, cette place qu'il trouve est celle d'un pion humain que l'on exploite et qui retrouve la même solitude et le même désespoir quand il est usé. Notre héros, qui cesse alors d'être "de son temps" en retrouvant trop tard ses valeurs humaines profondes, n'a plus l'énergie pour en accepter leur fragilité et leur inhérente incertitude. Non, il n'y a pas de solution simple…
Fascisme, communisme, plaies encore saignantes de notre siècle, confusion de l'état et de la société, destructeurs avoués des valeurs "de l'ancien temps", êtes-vous vraiment exorcisés ?
Un superbe petit roman (il se lit en deux heures) au style incisif, et qui n'a rien perdu de son actualité.
Editions Gallimard (l'étrangère)
Ce superbe livre est écrit pour ceux qui rêvent d'Himalaya, qu'ils aient fait le voyage ou qu'ils en fassent un projet, réel ou fantasmé.
A la beauté des photos de J-B Rabouan qui nous donne là les images d'une civilisation attachante et riche, s'ajoute un texte original, d'apparence simple et direct, mais qui se lira a plusieurs niveaux.
Le Ladakh est encore vivant, menacé certes par son ouverture, mais moins que le Tibet voisin. Ce témoignage sur le monde himalayen est une merveille qu'aimeront tous ceux qui tirent une partie de leur bonheur (et d'eux-mêmes) de la diversité du monde.
Editions Cheminements
Fontane écrit ce livre en 1898, l'année de sa mort. Il écrit là un grand roman qui nous étonne et nous charme encore.
Le style d'abord ; de longue conversations, parfois brillantes, parfois intimes nous prennent peu à peu au jeu des personnages. On les aime plus ou moins, on les comprend plus ou moins, mais on souhaite connaître leur destin. On a parfois un peu envie de leur répondre, de les interroger, de les contrer…
Le fond ensuite ; le livre est une longue méditation sur les rapports que les hommes établissent entre eux, tiraillés qu'ils sont entre leur savoir, leur nature et l'image qu'ils se font du monde et des devoirs qu'il y ont. Dialogue éternel que les morales "officielles", religieuses par exemple, ne guidaient déjà plus sans réserve à cette époque. Toujours très actuel, n'est-ce pas ?
Enfin ce livre est une merveilleuse leçon de tempérance, et de chaleur, qu'incarne remarquablement le héros, le "vieux" Stechlin.
Un roman très attachant, plus riche et plus profond qu'il ne semble au premier regard.
Editions Livre de poche - biblio
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