"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
Il est toujours délicat de se torcher à mains nues et en public. On risque fort de se salir et d'éclabousser l'environnement.
Après avoir lu ce chef d'œuvre, j'ai du mal à dormir ! Des événements si graves s'y sont déroulés, devant moi ; et je n'ai pas pu aider Michel à bander mieux, ni Bruno à bander moins. Ah, que l'on se sent petit, modeste, inutile en un mot devant de tels drames !
Et toute cette science que l'on étale devant moi, pauvre mortel ignorant ! Une révolution biologique, mais si Madame Michu ! Comment ne pas se sentir nul devant tant de grandeur, de génie !
Foutaise scientiste aux relents de Diafoirus ce livre se moque à la fois de ceux qui ne comprennent pas les mots employés et de ceux qui travaillent dans ce domaine scientifique. Illusion romantique du génie (incompris, bien sûr, mais que l'avenir reconnaîtra...), décalage total par rapport aux mœurs de recherche. Et tout cela sur un ton si docte, si prétentieux.
Mais pour plaire, MH a trouvé le truc : étaler crûment les mœurs sexuelles de soixante-huitards attardés. C'est là que réside le succès immérité de ce livre, qui parle ainsi aux voyeurs qui sommeillent en chacun de nous, en se donnant un air intellectuel. Racolage, rien de plus.
Triste livre et triste succès.
Editions Flammarion - J'ai Lu (1998)
Un livre noir, très noir, sans jeu de mot...
Rien ne trouve grâce, rien ne laisse le plus mince filet d'espoir aux yeux de Kourouma. Aucune des motivations des hommes ne trouve son chemin en face de la bestialité sauvage de ceux qui atteignent le pouvoir ou de la bestialité stupide de ceux qui en sont privés. Plus d'amitié ou d'amour, plus de solidarité, plus même d'interêt bien compris. Rien, plus rien ; la tradition est dévoyée, la société n'est que terrain du crime, l'homme n'est qu'avidité.
Alors Kourouma hurle à pleins poumons sa dérision ironique et sarcastique où tous et toutes sombrent dans son apocalypse de la pourriture. C'est drôle au commencement, long et sédatif à la fin. Il faut se forcer pour aller au bout de ce massacre. Ce casse-nègres aurait été écrit par un blanc, il aurait été politiquement correct de s'indigner...
Mais tout cela sonne faux, et relève de ce besoin de plaire par l'outrance et le cynisme. Oui, Kourouma connait bien l'Afrique, ses Sociétés de chasseurs traditionnelles, ses coutumes, le rôle éminant du verbe comme ciment de la société, et c'est là l'interêt du livre. Mais il se trompe, le nez collé à la merde, ce qui lui donne l'impression que tout sent mauvais. Il ne sait pas qu'il y a une vie au delà des chiottes. L'Afrique a besoin certes d'être mise en face de ses erreurs, dont elle est en partie seulement responsable ; mais elle attend du talent de ses écrivains un peu plus qu'une simple dénonciation complaisante, même si ils en retirent des prix littéraires.
Éditions Points Seuil (1998)
Cette courte nouvelle, une des premières œuvres de Fontane écrite en 1881 alors qu'il a 62 ans, vient seulement de recevoir cette traduction française.
Ce drame, un peu appuyé, est inspiré d'un fait réel. Nous nous laissons inquiéter par le sort d'une jeune femme, Hilde, "née sous une mauvaise étoile" et qui verra lui échapper tout ce qui pourrait faire le bonheur d'une vie, jusqu'à la vie elle même. L'intrigue est romantique à souhait, mais est en tel décalage par rapport à notre univers actuel qu'il faut faire un certain effort de plongée dans l'histoire pour la suivre avec sympathie.
C'est bien justement là l'intérêt de cette nouvelle. Car ce monde, dominé par les hommes, si possibles guerriers et arrogants, où la religion, et non la foi, définissait le "socialement correct", et qui acceptait encore sans vague une structure sociale rigide, est ici magnifiquement décrit, comme le sont les paysages de cette région. Le style est léger, coulant, plein de charme et nous attire encore, même si le fond du récit parfois relève de la science-fiction à rebours.
Éditions Le serpent à plumes (2001)
Page 312 sur 321