"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
Si ce roman,écrit en 1913, n'est pas ce que l'auteur a fait de mieux, il se lit cependant avec grand plaisir.
L'histoire est celle d'un jeune officier pauvre, qui éprouve une grande pitié pour une jeune (et riche !) infirme. Sentiment trouble et situation ambiguë où l'officier voit aussi son intérêt : être reçu par une famille aisée dans une ville de garnison où il est seul. Mais cette pitié déclenche chez l'infirme un amour violent dont l'issue sera tragique.
Cette intrigue est, pour moi, légère et peu captivante. Tout n'y est qu'excès sans atteindre à la démesure et la qualité tragique d' autres œuvres de l'auteur, comme "Vingt-quatre heures de la vie d'une femme". Que cet officier ne sente pas dans quel guêpier il s'engage est peu crédible et qu'il prenne d'aussi mauvaises décisions quand le drame est avéré est fort artificiel.
Il reste le style superbe de l'auteur et la description de ce monde de garnison autrichien qui va disparaître dans la guerre imminente. Ce n'est déjà pas si mal...
Éditions Grasset - Les cahiers rouges 1987
Il faut avant tout lire ce bref récit, écrit en 1983, comme un roman historique que le sous-titre résume d'ailleurs assez mal. Deux siècles (12 et 13ème) de rêves de conquête des lieux saints par les chrétiens se déroulent ici, et tiennent notre attention de lecteur en éveil. La chose est connue ; mais ce qu'elle révèle du monde musulman l'est moins et peut, aujourd'hui encore, nous aider à comprendre cet univers, que nous ignorons pour l'essentiel.
Lire la suite... Amin Maalouf, Les croisades vues par les Arabes
L'auteur reconstitue ici la vie imaginaire d'un écrivain romain, Albucius, qui vécut de -60 au début de notre époque. Comme tous les livres de P.Q. celui ci est un plaisir littéraire, bien écrit, habile à capter et à conserver notre attention. Le livre a été écrit en 1989.
Reconstitution historique ? Non, plaisir de s'imaginer vivant dans un siècle remarquable (Auguste) comme un acteur de ce temps. "J'invente cette page. Pas un témoignage antique ne la fonde..." dit P.Q.
Entre les pages ainsi inventées se glissent des textes d'Albucius, en latin et traduits. Des histoires souvent violentes et toujours fortes, de vie, de mort, d'amour de viol, d'inceste, de trahison, de désaveux. Mais à travers elles se dessine une pensée moins "domestique", plus haute, plus distanciée. Celle d'un citoyen de l'empire qui connaît les passions humaines et sait que c'est au milieu d'elles qu'il faut construire le monde réel. Il écrit, par exemple, à propos de la liberté des citoyens et citant César : 'les meilleurs d'entre nous sont encore des troupeaux d'affranchis qui regrettent leur âme antérieure et leur plainte'. Platon n'est pas loin, mais aussi Sénèque qui arrive...
Un livre bref, fait de brèves histoires liées par cette biographie imaginaire d'Albucius qui mourut en buvant un dernier bol du lait de sa nourrice. Un peu trop littéraire, non ?
Éditions Livre de poche - biblio 2001
Page 307 sur 320