"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
Il s'agit en fait de deux romans qui se répondent. Le premier est le récit par Jésus de sa vie, telle qu'il la voit évoluer avec ses yeux d'homme de l'état d'un garçon original plein de charme mais dilettante à celui de messie contesté, en passant par le rôle d'un gourou guérisseur qui envoûte les foules. Le second est le récit par Pilate, préfet de Judée, qui laisse condamner Jésus par les dignitaires de la religion officielle, et doit ensuite faire face à l'invraisemblable : la disparition du corps de Jésus mort.
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Ce livre, écrit en 2001, est un joli conte qui se lit en deux heures tout au plus.
Momo, petit garçon juif mal aimé de sa famille, peu éduqué mais sensible, trouve l'amitié et son épanouissement humain auprès d'un "arabe" qui n'en est pas un, Monsieur Ibrahim. Ce dernier fait un bouquet de quelques belles fleurs du Coran, sorte de sagesse simple qui aide Momo à se construire. On pense parfois à Lessing de "Nathan le sage", mais plus proche du peuple et sans le recours délibéré à la raison.
L'histoire ne se raconte pas, faite de petites touches sensibles, d'échanges dans les registres du dit et du non dit. Elle se lit avec un très grand plaisir et le style incisif et direct ne l'auteur y contribue grandement. Un excellent moment à passer !
Éditions Albin Michel (2001)
La littérature japonaise recèle une richesse infinie, et je souhaite à tous de la découvrir un jour. Ses romans du 19 et 20 ième siècles, issus du terrible boulversement qu'a représenté pour cette société jusqu'ici fermée le passage à l'occidentalisation de l'ère Meiji, sont nombreux, sensibles, parfaitement lisibles pour nous. Ils nous rappellent (est-ce nécessaire ?) que les hommes, aussi différents qu'ils se disent où nous sont présentés, sont animés par les mêmes moteurs, les mêmes désirs et utilisent dans les mêmes buts les mêmes startagèmes, les mêmes mensonges et les mêmes expédients. L'auteur, Nagai Kafû (1879 - 1959) est un de ces auteurs de talent. Il a écrit ce livre en 1918 (Okame zasa).
Nous assistons ici à l'ascension sociale d'un peintre raté qui sait se rendre utile jusqu'à devenir, entre de multiples fonctions "de service", financier d'une maison de geishas. Ne dévoilons pas une intrigue amusante, et soyons surtout attentifs au sourire permanent du narrateur qui nous livre des personnages bien croqués, du fils de famille fainéant et jouisseur à la geisha à la cervelle légère en passant par un vieux notable véreux sans oublier notre anti-héros, souple comme un serpent. C'est toute la vie et les comportements des habitants de ce Japon en voie de décomposition qui nous sont exposés là, avec humour et douceur. Le style est direct, léger et tout cela se lit avec gourmandise. Bon appétit !
Éditions Philippe Picquier (1992)
Page 302 sur 321