"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
Pour aller vite à l'essentiel, il me semble que la lecture de ce livre devrait être rendue obligatoire dans les chaumières, car il nous donne quelques clés inédites de de la stratégie politique des forces en présence sur l'échiquier mondial. La presse accumule des faits que nous recevons sans grille d'interprétation, et, avouons-le, sans grande culture stratégique du monde, particulièrement de l'Islam et du Moyen-Orient. AA tente ici de nous apporter quelques bases d'interprétation des événements du monde actuel, avec son talent, sa mémoire époustouflante et sa grande connaissance de l'histoire. Ainsi, peu à peu les faits se relient, parfois s'expliquent. Que cela ne suffise pas à prévoir l'avenir est une évidence, si tant est que prévoir, ici, a un sens autre que prendre ses rêves pour la réalité. Et combien différents et conflictuels sont nos rêves...
Lire la suite... Alexandre Adler, J'ai vu finir le monde ancien
L'auteur a moins de trente ans lorsqu'elle écrit ce roman vif et attachant. Ses qualités lui ont valu le "Goncourt des lycéens" en 2001.
Nous sommes en 1931 en Mandchourie et le Japon, allié d'occasion et impérialiste sous des habits de libérateur, y impose sa loi en attendant de conquérir le reste de la Chine, au mains de Chiang Kai Tchek. La férule japonaise est dure et chacun, occupant ou occupé, cherche à mener sa vie comme il peut et à y préserver un peu d'humanité.
Deux personnages vont alors se rencontrer jusqu'à une fusion dramatique de leurs destins.
Elle est la joueuse de go, jeu où elle excelle, jeune fille mandchoue de seize ans.
Lui, qui la rencontrera devant un go-ban, apprend à l'apprécier et à l'aimer. Union impossible dans son essence, car il est officier japonais. Mais la montée et le dénouement de ce drame nous captivent.
Le style est remarquable de densité, de clarté, construit sur de petites phrases courtes, factuelles, presque dures. Les paragraphes brefs s'enchaînent, où, dans une alternance imperturbable, les deux personnages s'expriment brièvement tour à tour. Une sorte de récitatif à deux voix qui conduit l'action.
Un livre d'une lecture facile et d'un grand charme.
Éditions Grasset 2001
Page 299 sur 321