"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
J'ai eu du mal à terminer ce bref roman de 1919 et à aucun moment je n'ai trouvé à sa lecture un soupçon de cet assentiment qui nous entraîne parfois dans la trace d'un auteur.
Le symbolisme romantique qui en est sa matière est naïf, prétentieux et démodé au même titre que le livret de la "Flûte enchantée" de Mozart, dont il est souvent parallèle.
Entre autres découvertes, on assiste à l'initiation de deux couples à l'Humanité (sic), à l'accomplissement de leur sexualité dans la reproduction (mais si, mais si ), et autres banalité de ce style. Je tremble encore sous le choc. Et tout cela avec sérieux et componction.
Je ne suis pas d'accord. Ces révélations de La Voie qui devraient s'imposer ainsi aux hommes de façon transcendante sont les suppôts d'une idéologie fondamentaliste, menteuse et haïssable. C'est la simplification à l'extrême du bien contre le mal, le refus du compromis, en fait le refus de la vie. Et l'Allemagne gangrenée de ce romantisme illusoire et destructeur en crèvera, incapable de bâtir la république et la démocratie. Nous sommes en 1919.
Si le fond me parait détestable, la forme est encore pire. Les symboles foisonnants, les sorcières, la magie, les grottes obscures, les oiseaux qui parlent, les visions oniriques, les flambeaux qui illuminent cette obscurité complaisante et malsaine que les nazis consommeront sans réserve, tout cela me répugne. Il n'est pas trop surprenant que Strauss, musicien accompli mais homme douteux, se soit complu à ces calembredaines. Moi, pas.
Éditions Livre de poche (biblio) 1992
Klaus Mann (1906 - 1949) écrit en 1949 dans ce gros livre (650p.) une autobiographie passionnante à plus d'un titre.
Il est d'abord le fils de Thomas Mann, célèbre auteur allemand. Les anecdotes qu'il livre ici sur son auguste père, plutôt froid et distant, précisent le portrait de ce maître de la littérature.
Mais il y a bien d'autres richesses dans ce livre d'un écrivain talentueux qui, dans sa vie comme dans son œuvre subira l'ombre de son père et celle de son oncle Heinrich Mann (le sujet, prof. Unrat = l'ange bleu).
Et puis, K M vit difficilement sa maturité d'homme : sensible au charme masculin et pratiquant avec son extravagante sœur Erika une relation ambiguë. Peu de contraintes, morales ou financières et une confiance excessive dans son plaisir comme seul guide de sa vie. Celle-ci s'achèvera en 1949 par un suicide.
Mais surtout K M vit à l'époque de la république de Weimar et assiste à la montée du communisme (qu'il approuve) et du nazisme (qu'il exècre) comme un drame qu'il anticipe et qui le déchire, en dépit de la facilité qu'il aura à s'exiler et à continuer à écrire et à conserver un public. Rien n'est plus poignant dans ce livre que la description de la bêtise et de la veulerie d'Hitler et de sa clique, ce "sauveur" adulé par une nation aveugle en quête de héros romantique et qui se révélera totalement imperméable à la démocratie et à ses obligatoires compromis
K M, indépendant sans concession, refusera tout lien avec cette vague de boue qui déshonore son pays, dont il conserve jusqu'à sa mort une image élevée.
Il lui reste l'exil qui, même confortable, sera ressenti comme une déchirure. Il devient citoyen américain et exercera ses talents d'écrivain en langue anglaise dans ce pays où il rencontrera un certain succès. Fort de ses convictions et de sa nouvelle citoyenneté, il s'engage non sans mal dans l'armée U S et contribue à la chasse au nazisme.Se réflexions sur sa situation inconfortable vis à vis de son ancienne patrie sont un chef oeuvre de sensibilité blessée. Non, l'exil n'est pas une sinécure... Que d'illusions et d'espoirs déçus !
Un très beau livre, d'un enfant gâté qui découvre la réalité tragique du monde, ce que son talent nous rapporte avec cœur.
Éditions 10/18 no 3272 (1991)
"Apprenez à ne pas vous laisser berner ! Ce livre a l'ambition de vous entraîner à cet exercice dans un monde dont nous ne devons pas laisser les commandes aux charlatans à courte vue qui exploitent notre candeur et notre ignorance". Les auteurs donnent ici de façon claire leur intention en réagissant à la visible montée des faux savoirs, souvent fondés sur la supercherie, que sont l'astrologie, la radiesthésie, la télépathie et autres joyeusetés paranormales. Sans oublier le rôle détestable que jouent les médias dans la propagation de ces mystifications.
Lire la suite... Georges Charpak et Henri Broch, Devenez sorciers, devenez savants
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