"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
Avant d'aller plus avant, assurez-vous de votre adhésion aux points suivants :
- la vision de l'anus du cheval qui défèque est un éblouissement qui peut vous contraindre à l'extase.
- l'enfant mâle pré-pubère est l'achèvement de la création.
- la juste perception de ces deux prolégomènes structure votre vision du monde.
Si ce n'est pas le cas, vous engager dans la lecture de ce livre peut vous conduire à y adhérer, et peut-être même à considérer que la gare de Perpignan est le centre du monde. Mesurez-vous l'ampleur du risque ? Savez-vous aussi que vous verrez ensuite des ogres partout ? Et qu'ils chevauchent le cheval mentionné plus haut quand ils ne pensent, au fond, qu'à chevaucher l'enfant mâle et pré-pubère. Ah, ces artistes, quels vieux cochons. Goethe, au moins faisait appel à la mère du Roi et à ses filles pour servir d'appâts... Ici rien que violence et soumission.
Que MT ait un talent d'écrivain ne se discute pas, et je ne bouderai pas le plaisir que m'a donné la lecture de certaines descriptions de paysages ou de scènes de chasse en sous-bois, par exemple. Il n'en reste pas moins que le délayage, la diarrhée verbale qu'il nous impose est soporifique. Les infinies et souvent dérisoires considérations sur les replis de l'âme du narrateur et des pantins qui l'entourent sont sans poids, conventionnelles. Toute cette légèreté si lourde ennuie, dans une atmosphère ambiguë, malsaine, complaisante.
Et pour rester dans la tonalité anale si chère à l'auteur, il me semble que de beaux coups de pied au cul se sont perdus le jour où le jury du Goncourt a cru devoir couronner cela...
Éditions folio 656
Les deux auteurs viennent de produire là un document remarquable sur un sujet plus difficile qu'il n'en a l'air. Elles savent surtout conserver leur sérénité là où la passion est souvent de rigueur, même si elles ne cachent pas que leur réponse est : non, le Tibet n'est pas chinois. Sujet difficile, en effet en raison des liens qui se sont établis entre puissances dans cette partie du monde et ne s'analysent pas exactement à l'aune de nos modes de pensée occidentaux, encore que le rôle historique du Vatican y fasse penser parfois. La racine de la question se trouve en fait dans les rapports établis entre Chine, Mongolie et Tibet depuis le 13éme siècle. Le Tibet apparaissait déjà à cette époque comme une force spirituelle qu'il fallait avoir de son côté. Tant la Chine que la Mongolie s'y employèrent. Là se situe un type de rapport habituellement désigné par "chapelain-patron", relation d'égalité, qui consiste à accorder une protection spirituelle, et jouer parfois un rôle diplomatique (le Tibet), en échange d'une bienveillante neutralité, voire d'un appui matériel ou militaire des autres puissances (Mongolie et Chine). Le Tibet s'était ainsi construit une force de médiation entre des peuples, souvent en guerre, pour qui il restait le seul canal de concertation encore ouvert. On sait qu'ensuite les Mongols ont conquis la Chine, se sont sinisés. Aujourd'hui la Chine affirme que Mongolie et Tibet sont deux provinces du grand "empire du milieu" ; qui peut le croire ? Mais n'oublions pas que la Chine s'est construite historiquement sur la conquête et sur l'espoir de civilisation qu'elle portait, comme d'ailleurs un état européen qui nous est cher, la France. Où en sont les cultures annexées, ici et là ? Bien entendu il est plus facile d'accepter ce qui s'est produit chez nous il y a des centaines d'années que de le voir à l'oeuvre au Tibet.
Lire la suite... Anne-Marie Blondeau et Katia Buffetrille, Le Tibet est-il chinois ?
Il s'agit d'un roman écrit en 2000 par un auteur d'origine suisse. Il se lit d'un trait, comme une histoire quasi policière dont on souhaite connaître l'issue, bien qu'on la pressente assez vite. L'écriture est agréable, légère, et l'auteur ménage habilement les transitions et les suspensions de rythme.
La trame de l'histoire est en fait assez simple : un avocat qui a réussi veut, tel Faust, en savoir plus sur le monde. Le médium qu'il trouve, une jeune femme déjantée aux yeux d'une beauté irrésistible, l'entraîne dans un 'trip" aux champignons hallucinogènes qui le transforme, ou plutôt révèle la bête qui est en lui, de façon irréversible. Débute alors une longue errance qui est le fil de ce récit, et en fait toute l'originalité.
C'est là que se révèle tout l'art de MS. Nous partons avec lui sous le couvert de la forêt, à la fois animal traqué et chasseur. Le moindre bruit nous fait sursauter et nous découvrons peu à peu l'art enivrant de la survie en milieu hostile. Mais la forêt est aussi un mythe , berceau d'une solitude, au fond, inaccessible et dont le héros s'enivre comme d'une nouvelle drogue, jusqu'à l''overdose'. MS nous fait partager sa connaissance des espèces animales et végétales qui composent ce monde presque perdu et c'est un vrai régal. Que le héros s'enfonce dès le début de cette aventure dans l'excès est évident et ne ménage aucune issue. Le besoin de prendre ses distances, qui rappelle par moment le recours aux forêts du Eumeswill de Ernst Jünger, se métamorphose bien vite en dépendance, en addiction, et tourne à l'enfer. Méphisto prend sa revanche...
Petit bonus : une partie du récit se passe dans le monde impitoyable des avocats d'affaires que de toute évidence MS connaît bien.
En résumé un excellent roman, original et captivant. A lire !
Éditions Point P960 (2002)
Page 292 sur 321