"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
Fiches de lectures, critiques de livres, personnelles et subjectives !
Inscrivez-vous ici pour recevoir l'annonce des nouvelles fiches de lectures
- Détails
- By livres-et-lectures.com
Ce livre, écrit en 1990, est une réflexion sur l'articulation entre la prospérité d'un peuple et sa liberté politique et sociale. Ce fut le cas à Amsterdam au 17e siècle, à l'époque de Spinoza, Amsterdam qui pratiqua, bien avant 1789, une démocratie fondée sur la liberté de ses citoyens.
Amsterdam n'est que l'exemple concret qui étaye une réflexion beaucoup plus profonde mais toujours proche du terrain, réhabilitant la richesse en face du mépris, très chrétien, de l'argent. Le livre de J. Attali "Les Juifs, le monde et l'argent" exploitera ce thème, appliqué au peuple juif.
Spinoza avait d'ailleurs écrit sans ambiguïté dans son "Traité politique" (V,12 et VII,16) :"Une nations est indépendante dans la mesure où elle est capable de veiller à sa propre prospérité. Il est certain que les hommes sont d'autant mieux en mesure de veiller à leur sécurité qu'ils sont plus puissants du fait de leur richesse." C'est une vision d'hommes libres, indépendants, moteurs, qui s'oppose là aux visions pyramidales des royaumes de l'époque (sans parler des visions totalitaires à venir) où tous les hommes sont censés voir, penser et dire la même chose.
L'auteur analyse en détail la genèse de cette île de liberté et de tolérance que fut Amsterdam au milieu d'une Europe en guerres effroyables ( la guerre de trente ans entre autres) et soumise aux intolérances et aux caprices des églises et des princes. Il montre comment s'est épanouie cette tolérance et comment par exemple Amsterdam est devenue le refuge de la pensée européenne "incorrecte" à travers sa liberté d'imprimer, comme ce fut le cas pour Descartes par exemple.
Quelques ombres planent bien entendu, qui sont traitées sans langue de bois : misère de certains, répression, tolérance de certaines intolérances, (Spinoza en sait quelque chose) et manque de considération pour la défense d'un pays si vulnérable, entre autres.
Ce livre, difficile à résumer porte à la réflexion. Il mérite d'être lu et relu car aujourd'hui encore certaines attitudes idéologiques, souvent incultes et irresponsables, méprisant travail et richesse sont à l'origine de choix politiques tels que ceux qui ont, au XXe siècle, fait tant de mal.
Éditions Puf 1990
- Détails
- By livres-et-lectures.com
Il est toujours délicat de se torcher à mains nues et en public. On risque fort de se salir et d'éclabousser l'environnement.
Après avoir lu ce chef d'œuvre, j'ai du mal à dormir ! Des événements si graves s'y sont déroulés, devant moi ; et je n'ai pas pu aider Michel à bander mieux, ni Bruno à bander moins. Ah, que l'on se sent petit, modeste, inutile en un mot devant de tels drames !
Et toute cette science que l'on étale devant moi, pauvre mortel ignorant ! Une révolution biologique, mais si Madame Michu ! Comment ne pas se sentir nul devant tant de grandeur, de génie !
Foutaise scientiste aux relents de Diafoirus ce livre se moque à la fois de ceux qui ne comprennent pas les mots employés et de ceux qui travaillent dans ce domaine scientifique. Illusion romantique du génie (incompris, bien sûr, mais que l'avenir reconnaîtra...), décalage total par rapport aux mœurs de recherche. Et tout cela sur un ton si docte, si prétentieux.
Mais pour plaire, MH a trouvé le truc : étaler crûment les mœurs sexuelles de soixante-huitards attardés. C'est là que réside le succès immérité de ce livre, qui parle ainsi aux voyeurs qui sommeillent en chacun de nous, en se donnant un air intellectuel. Racolage, rien de plus.
Triste livre et triste succès.
Editions Flammarion - J'ai Lu (1998)
- Détails
- By livres-et-lectures.com
Un livre noir, très noir, sans jeu de mot...
Rien ne trouve grâce, rien ne laisse le plus mince filet d'espoir aux yeux de Kourouma. Aucune des motivations des hommes ne trouve son chemin en face de la bestialité sauvage de ceux qui atteignent le pouvoir ou de la bestialité stupide de ceux qui en sont privés. Plus d'amitié ou d'amour, plus de solidarité, plus même d'interêt bien compris. Rien, plus rien ; la tradition est dévoyée, la société n'est que terrain du crime, l'homme n'est qu'avidité.
Alors Kourouma hurle à pleins poumons sa dérision ironique et sarcastique où tous et toutes sombrent dans son apocalypse de la pourriture. C'est drôle au commencement, long et sédatif à la fin. Il faut se forcer pour aller au bout de ce massacre. Ce casse-nègres aurait été écrit par un blanc, il aurait été politiquement correct de s'indigner...
Mais tout cela sonne faux, et relève de ce besoin de plaire par l'outrance et le cynisme. Oui, Kourouma connait bien l'Afrique, ses Sociétés de chasseurs traditionnelles, ses coutumes, le rôle éminant du verbe comme ciment de la société, et c'est là l'interêt du livre. Mais il se trompe, le nez collé à la merde, ce qui lui donne l'impression que tout sent mauvais. Il ne sait pas qu'il y a une vie au delà des chiottes. L'Afrique a besoin certes d'être mise en face de ses erreurs, dont elle est en partie seulement responsable ; mais elle attend du talent de ses écrivains un peu plus qu'une simple dénonciation complaisante, même si ils en retirent des prix littéraires.
Éditions Points Seuil (1998)
Page 304 sur 314