"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
La lumière et l'obscurité sont les héros indissociables de ces promenades au parc. Lumière et obscurité du ciel, des frondaisons des arbres, mais aussi des hommes et de leurs comportements ou de leurs destins. Et, sans doute n'est il pas de joie qui se conçoive sans sa contrepartie, ici ou ailleurs, de larmes et de misère, pas de ciel pur sans brume ou de simple joie de vivre sans qu'ailleurs ou ici, la souffrance ou la mort ne pointent leur nez. C'est notre condition ; et notre liberté consiste à trier, avant qu'il ne soit trop tard, ce qui sied à notre pulsion de vie et de bonheur.
C'est cette dualité inextricable que nous révèle la merveilleuse sensibilité de Valérie Feltesse. Sensible au beau et au bien, comme au laid et au mal, consciente de la difficulté à partager cette vision profonde du monde, où l'un et l'autre sont nécessaires, quoi qu'on en pense, l'auteur dresse sa réserve et sa solitude en éthique qui souvent m'évoque la distance du pratiquant bouddhiste imprégné de compassion lucide pour le monde qu'il habite.
Mais avec quelle tendresse sait-elle exprimer les moments simples mais fugaces qui accompagnent ces promenades ! Et avec quel sens de l'image qui touche ou qui frappe, sans excès ni surcharge !
Un beau livre poétique, moins simple qu'il ne semble ; une belle leçon de vie.
Editions HB - février 2001
C'est bien de la majorité de l'Asie à l'est de l'Inde, et de sa place dans le monde que nous parle ce livre. Livre difficile à résumer, mais construit sur le savoir et la réflexion d'un homme qui connaît bien ce dont il parle.
Quelques idées fortes en composent la trame :
Monsieur Walter Faber est un homme qui veut que rien n'entrave ses choix ce qui lui permet ainsi de croire qu'à chaque instant, il mène la vie qu'il choisit, guidé par son très raisonnable sens pratique et factuel d'ingénieur. Cette pratique d'indépendance (pas d'épouse ni de partenaire permanente, pas vraiment de domicile, etc.) en fait un solitaire, heureux de vivre, et sans doute aimable, mais…
Mais la vie lui mitonne un "destin" de première grandeur. Qu'il ait manqué Hanna, son premier amour sérieux pour des raisons pratiques, va pour une fois.
Qu'il s'amuse assez cyniquement avec Ivy, sa maîtresse américaine, bon.
Mais Sabeth, une jeune femme, va être son destin. Sa souveraineté absolue se heurte alors à d'autres forces que la raison ne suffit pas dominer, même si elle peut le laisser croire. Et l'impensable a lieu, qui bouleverse trois fois sa vie. Son destin, indirectement, y trouvera son terme.
Ce livre est écrit dans un style vif, sensible et touche juste. C'est autant un roman bien construit qu'une réflexion sur notre capacité à conduire notre sort, ce qui n'est pas sans évoquer le thème de "Monsieur Bonhomme et les incendiaires". Le livre date de 1957.
Editions Folio No 1418
Page 314 sur 322